«Si nous nous sommes réunis aujourd'hui, c'est pour annoncer la naissance du comité SOS-Expulsions. En Algérie, le nombre de familles expulsées ne cesse d'augmenter. Du jour au lendemain, des familles entières se retrouvent à la rue. C'est une situation des plus dramatiques dont les répercussions sont incommensurables. Nous allons tout faire pour défendre les familles expulsées où qu'elles soient. Nous lutterons de toutes nos forces contre la hogra.» C'est en ces termes que s'exprimera Djamel Bouregaa (il est psychologue de profession), porte-parole du comité SOS familles expulsées. Pour l'orateur, les actions les plus pressantes du nouveau-né peuvent être résumées en la médiatisation de la situation des familles expulsées ainsi que la prise en charge des doléances de ces dernières inhérentes à l'aspect humanitaire. Pour ce faire, le porte-parole du comité SOS-Expulsions compte sur une armada de juristes pour faire aboutir les nombreuses affaires qui doivent être traitées par la justice. En guise de témoignage, le représentant de 17 familles condamnées à l'expulsion (elles occupent des logements de fonction au Centre spécialisé de rééducation de Birkhadem) indiquera qu'en 1986 déjà, les Domaines leur avaient remis un arrêté en vertu duquel ils étaient les propriétaires des logements en question. «En 1981, avec l'entrée en vigueur de la loi portant vente des biens de l'Etat, nous pensions que notre problème allait connaître un dénouement heureux. Il n'en fut malheureusement rien. L'administration nous a trompés en usant de procédés plus que douteux pour nous empêcher d'avoir gain de cause», tiendra-t-il à souligner. Pour étayer ses dires, notre interlocuteur, qui occupe son logement de fonction depuis 1963, nous exhibera une correspondance adressée au ministre du Travail et de la Protection sociale, en date du 24 octobre 1994, par le chef du service protection sociale de la direction de la santé et de la protection sociale plaidant pour la cessibilité de logements de fonction au profit de certains fonctionnaires. «Je porte à votre connaissance que j'émets un avis favorable pour la cession de ces logements au profit des intéressés sus-cités», lit-on dans la correspondance en question dont une copie nous a été remise. Près d'une année auparavant, plus exactement au mois de mai 1993, le sous-directeur des affaires domaniales et foncières d'Alger a été, pour sa part, destinataire d'une lettre dont l'objet portait sur la régularisation des occupants des logements de fonction situés au Centre spécialisé de rééducation de Birkhadem. Une autre personne mettra en exergue les répercussions des opérations d'expulsion, notamment sur les enfants et les personnes âgées. «Des femmes ont été brutalisées. Je me rappelle que quelques jours après l'expulsion dont nous avions fait l'objet, trois malades chroniques sont décédés. C'est vous dire à quel point elles n'ont pas supporté ce qui leur était arrivé», soulignera-t-il. Prenant la parole, l'avocat des familles expulsées s'insurgera sur cette pratique de plus en plus fréquente ces derniers temps. «Nous sommes en 2009. On ne peut pas jeter les gens à la rue, surtout que l'on parle tant d'Etat de droit. En tant qu'avocat, je dénonce cette pratique. Le comble, c'est que la politique de deux poids, deux mesures est appliquée à merveille. Pour des personnes qui sont dans le même cas, on décide de leur vendre les logements alors que pour d'autres, c'est l'expulsion pure et simple ! Avouez que dans tout cela, le droit ne peut qu'être aux abonnés absents», regrettera-t-il. B. L.