Aucun mot sur le crédoc, la suppression du crédit à la consommation et les nouvelles mesures régissant la domiciliation bancaire. Le rapport sur la situation économique et monétaire qui sera présenté aujourd'hui à l'APN est-il déjà dépassé? La question mérite d'être posée vu le contenu du document élaboré par les services de la Banque d'Algérie et dont L'Expression a eu une copie en primeur avant-hier. M.Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie sera contraint de sortir du texte officiel pour aborder, dans les débats, des sujets importants, paradoxalement écartés par les rédacteurs du rapport de conjoncture. Des mesures qui n'ont pas laissé indifférent les milieux des affaires tant nationaux qu'internationaux. Il s'agira notamment, des dispositions prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 imposant des nouvelles mesures régissant le commerce extérieur. En effet, le rapport en question, à la surprise des observateurs, ne fait aucunement allusion au recours obligatoire au crédit documentaire. Les députés resteront sur leur faim puisque la copie de Laksaci n'a analysé ni expliqué les enjeux et les motivations de cette démarche contestée par le patronat algérien et qui constitue l'un des points d'achoppement de la prochaine tripartite. L'on n'en saura pas plus sur les nouvelles conditions de la domiciliation bancaire et de l'identification fiscale. Un grand mutisme est observé aussi sur la suppression du crédit à la consommation et ses retombées aussi bien sur les familles que sur les banques. Le rapport se contente de mettre en exergue l'augmentation vertigineuse des crédits à la consommation, qui constitue «un danger sur les portefeuilles de famille». Il fera même allusion à la Centrale des risques qui vise à poursuivre de près les crédits accordés aux particuliers. En d'autres termes, le rapport ferme les yeux sur les «bouleversements» qui ont touché le secteur bancaire ces derniers mois.Ce qui amène les observateurs à dire que l'intervention, ce matin, du gouverneur de la Banque d'Algérie ne cadre pas avec la nouvelle conjoncture. Comment expliquer ce décalage flagrant entre le rapport et la réalité? Il y a deux thèses. Soit le rapport a été préparé avant la promulgation des nouvelles mesures. Il remonterait alors à 3 mois. Et dans ce cas précis, des modifications auraient dû être apportées à la copie initiale. Ou alors, le gouverneur de la Banque d'Algérie a voulu éviter sciemment les dossiers qui fâchent. Mais dans ce cas de figure, M.Laksaci se verra ramener à la réalité aujourd'hui, puisqu'il intervient devant une institution politique, qui n'a pas pour tradition de trop coller au texte. D'ailleurs, L'Expression a appris que les différents groupes parlementaires ont tenu des réunions pour débattre du sujet. Hier, c'était au tour du MSP de se pencher sur le dossier. Le parti islamiste, apprend-on, a même fait appel aux experts pour l'aider à disséquer les différents points du rapport. Mardi, le Parti des travailleurs a tenu une réunion de plusieurs heures pour la même raison. Le passage de Laksaci à l'APN sera loin d'être une sinécure. «Nous voulons comprendre la démarche monétaire et financière du gouvernement. Nous avons plus besoin d'analyse que de chiffres.» L'analyse, c'est justement le point faible du rapport annuel de la Banque d'Algérie.