Pour une fois que l'Etat hébreu a été « condamné » même symboliquement via l'adoption par le Conseil des droits de l'homme (CDH) de l'ONU du rapport Goldstone qui l'accuse de crimes de guerre, son premier ministre sort son artillerie lourde pour le discréditer. Habitué à l'impunité légendaire que lui assure le parapluie diplomatique en toutes circonstances, Israél a été logiquement effarouché par ce sursaut d'orgueil du CDH de l'ONU bien qu'il ne risque pas de recevoir un écho au conseil de sécurité. Mais pour Netanyahu le crime de « lèse » immunité est déjà commis et cela suffit pour pousser les lamentations. Première contre attaque, il a promis hier de mener une bataille diplomatique pour discréditer le rapport Goldstone sur la bataille de Gaza. « Israël doit discréditer le discrédit », a lancé le chef du gouvernement Benjamin Netanyahu, selon un membre de son équipe cité par Reuters. Cette campagne, a ajouté le premier ministre israélien, « ne prendra pas seulement quelques semaines, mais peut-être des années ». Ceux qui attendaient une réaction positive au tout au moins conciliante de Netanyahu devraient donc déchanter. Il a peu être trouvé le prétexte imparable pour stopper net les discussions laborieuses sur l'éventuelle reprise des négociation sur la paix dans la région. Et c'est ce que cherche la coalition de droite et de l'extrême droite qui gouverne en Israél qui ne croit pas trop à une paix avec les palestiniens. Netanyahu avait menacé avant même l'examen du rapport de Richard Goldstone au sein du CDH, d'arrêter les négociations de paix si celui-ci venait à être adopté. Mahmoud Abbas a été « forcé » par les Etats-Unis de demander lui-même de reporter son examen à mars 2010. Israél a donc gagné sans jouer… S'en est suivi un feu nourri contre l'autorité palestinienne accusé à juste titre d'avoir sauvé Israél d'une condamnation ne serait ce que morale par le conseil des droits de l'homme de l'ONU. Le prétexte Une fois n'est pas coutume, le rapport Goldstone un temps mis sous le boisseau est revenu sur la table du CDH grâce à la ténacité du groupe des pays arabes et musulmans mais surtout sud américains à la faveur d'une session extraordinaire. Et au terme de deux jours de débats, 25 sur 47 Etats membres de l'instance onusienne basée à Genève ont voté pour une résolution endossant le document et condamnant Israél « pour son refus de collaborer à l'enquête, ainsi que pour la poursuite de son occupation et le blocus de Gaza ». Le rapport Goldstone invite également le Conseil de sécurité des Nations unies à saisir la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) si Israël et le Hamas ne mènent pas dans les six mois des investigations crédibles. Cette résolution « contraignante » constitue une première défaite d'Israél d'abord et de ses soutiens occidentaux que sont les Etats-Unis et les cinq autres pays membres du conseil de sécurité. Pour Israél, on s'en doute, son premier ministre a évidemment condamné cette résolution qui d'après sa logique : « encourage les organisations terroristes à travers le monde » et sape les efforts de paix ». Un comble… Avec un bilan aussi terrifiant que les 1400 morts, les milliers de blessés, et des centaines de maisons détruites et une économie rasé, un autre pays qu'Israél- du monde arabo-musulman surtout- aurait été rayé de la carte et ses responsable s traînés devant le TPI. Mais quand c'est l'état hébreu qui en est l'auteur de ce genre de crimes de guerre et de dévastations, les redresseurs des torts -à tort !– du conseil de sécurité font barrage pour éviter que la légalité internationale ne soit respectée.