Les institutions publiques ne sont pas adaptées aux besoins des entreprises, selon les spécialistes du secteur financier. Le micro-crédit est une solution de premier ordre dans la lutte contre le chômage. C'est ce qui ressort de la table ronde organisée hier au forum d'El Moudjahid à laquelle ont participé plusieurs spécialistes du secteur financier. Intervenant tour à tour, ces derniers ont longuement débattu de l'importance du micro-crédit dans la multiplication des opportunités de création d'emplois et, par ricochet, de la lutte contre le chômage. Ainsi, Djamel Djerad, expert comptable et financier et président de l'Ordre des experts-comptables, a indiqué hier que «les institutions de micro-finance (IMF) sont de statut privé dans le monde entier contrairement à l'Algérie, car chez nous il ne s'agit pas seulement de finance». Haddad Nacira, consultante en PME et experte en micro-financement, a dit que «le micro-crédit apporte une réponse aux chômeurs, nous le voyons dans un cadre d'économie sociale, il faut qu'il soit une réponse à l'exclusion». Le directeur général de la banque El Baraka et expert dans le domaine des micro-financements et micro-crédits, Haider Nacer, a indiqué de son côté que pour multiplier les opportunités de création d'emplois et surtout pérenniser ces derniers, le micro-crédit ne doit pas être exclusif au lancement des projets nouveaux. Il doit être élargi aux projets déjà lancés et nécessitant un nouveau coup de pouce financier pour les maintenir sachant que 4 micro-entreprises sur 5 disparaissent, faute de moyens financiers pour poursuivre leur activité. «Celles qui survivent ont besoin d'un mécanisme financier qui les aide à poursuivre leur activité», a-t-il indiqué. Les deux intervenants ont également relevé nombre de points noirs, notamment dans la gestion du micro-crédit en Algérie. Ils ont ainsi déploré le manque, voire l'absence totale de suivi de ces micro-investissements, des créances et des recouvrements qui, à la longue, mettent en péril la pérennité de ces micro entreprises et les emplois. Aussi, les intervenants ont relevé la différence qui existe entre les institutions de micro-crédits publiques comme celles qui existent en Algérie et les privées, notamment en ce qui concerne les incidences de ces deux entités sur le recouvrement de leurs créances auprès des microentreprises. Selon M.Djerad: «Lorsqu'il s'agit d'institution publique, l'entrepreneur qui a contracté un crédit ne se sent pas obligé ou ne veut pas payer ses dettes car les fonds qui lui ont été prêtés sont issus du budget de l'Etat, cela lui revient de droit, alors que lorsque le crédit est issu d'une institution privée il paye.» L'autre différence entre les deux entités réside, selon ce même intervenant, dans leur mode de gestion. «Il y a une grande différence entre l'institution privée qui gère ses biens et qui va vers l'entrepreneur à qui elle a octroyé un crédit et l'institution publique qui attend que l'entrepreneur vienne vers elle.» Par ailleurs, tous les intervenants ont appelé à la réalisation d'études sur la méso-économie ainsi que sur l'incidence de la micro-finance et sur celui du travail.