Le nombre total des projets lancés par l'Ansej est passé de 10 635 projets en 2008 à 20 890 projets en 2009. Ce bond quantitatif est dû aux rectificatifs introduits par le gouvernement en juillet 2008 dans ce secteur. Le marché national de l'emploi enregistre chaque année 300 000 demandes supplémentaires dont 120 000 demandeurs sont des diplômés universitaires. Dans son offensive contre le chômage, l'Etat place l'entrepreneuriat au centre de sa stratégie. Cette stratégie se base sur le fait que la création de l'entreprise, pour l'universitaire, doit être considérée comme la voie royale vers la création de son propre emploi et vers la création d'autres postes pour les autres demandeurs. Pour ce faire, l'Etat a mis en place plusieurs dispositifs de l'emploi dont l'Agence nationale de l'emploi des jeunes (Ansej). Créée en 1996, l'Ansej est une institution publique chargée de l'encouragement, du soutien et de l'accompagnement des jeunes chômeurs porteurs d'idée de projet de création d'entreprise. Placée sous la tutelle du ministère chargé du Travail et de l'Emploi, ce dispositif s'est fixé deux objectifs principaux : favoriser la création d'activités de biens et de services par de jeunes promoteurs. Encourager toutes formes d'actions et de mesures tendant à promouvoir l'emploi des jeunes. C'est ainsi qu'à travers les étapes de création et d'extension de son entreprise, le jeune promoteur bénéficie de l'assistance à titre gracieux (accueil - information - accompagnement - formation) ; d'avantages fiscaux (exonération de TVA et abattement sur les droits de douane en phase de réalisation et exonération d'impôts en phase d'exploitation) ; et d'aides financières (prêt non rémunéré - bonification des intérêts bancaires). Les experts et conseillers de l'Ansej dispensent des conseils et accompagnent les jeunes à toutes les étapes y compris durant la phase d'entrée en activité de la microentreprise. Concernant les montages financiers, l'Ansej prévoit deux formules de financement. Le financement triangulaire : c'est une formule dont l'apport financier du/ou des jeunes promoteurs est complété par un prêt sans intérêt accordé par l'Ansej et par un crédit bancaire. La seconde formule est le financement mixte. Dans ce type de financement, l'apport financier du promoteur est complété par un prêt sans intérêt par l'agence. Le prêt de l'agence varie entre 20 à 25% selon que le montant de l'investissement est inférieur ou supérieur à 2 000 000 DA. Pour l'année 2009, l'Ansej a lancé 20 890 projets. Mais pour en arriver là, le dispositif, opérationnel depuis le deuxième semestre 1997, a connu des réaménagements. En 2004, de nouvelles dispositions ont été introduites. Il s'agit, entre autres, du relèvement du seuil de l'investissement de 4 à 10 millions de dinars. La revue à la baisse des niveaux de participation des jeunes en fonds propres (5% pour les projets dont le coût d'investissement est égal ou inférieur à 2 millions de dinars et de 10% pour les projets dont le coût est compris entre 2 et 10 millions de dinars). En 2008, les pouvoirs publics avaient pris des mesures pour redynamiser le dispositif de création d'entreprises, qui commençait à s'essouffler, répondant ainsi aux attentes des porteurs de projets, mais aussi aux préoccupations soulevées par les banques liées essentiellement aux taux d'impayés. Les principales mesures décidées par le conseil interministériel du mois de juillet de l'année porte, en ce qui concerne l'Ansej, sur les procédures d'accompagnement des jeunes promoteurs. Elles concernent la maturation des projets, l'accompagnement et le suivi du promoteur auprès des banques. Elle vise à apporter une solution au problème du financement des projets avalisés par les services des organismes en charge de la lutte contre le chômage (Ansej, Agence nationale de financement du microcrédit, Fonds national d'assurance chômage). La réticence des banques, s'agissant de financer certains projets de microentreprises sur la base de l'appréciation des risques de l'insuffisance des garanties présentées, avait pour conséquence la non-concrétisation de nombreux projets de microentreprises qui ont pourtant obtenu l'accord des services de l'Ansej et organismes de même vocation. Pour rassurer les banques, il a été décidé d'augmenter le capital du fonds de garantie des crédits pour lui permettre de jouer pleinement son rôle d'assureur des crédits consentis par les banques aux jeunes créateurs d'entreprises. L'Etat a ainsi doublé la mise pour le fonds de garantie, le portant de 20 milliards de dinars à 40 milliards de dinars. Par ailleurs, la nouvelle procédure appliquée par l'Ansej pour régler le problème avec les banques a été l'installation d'un comité au niveau de l'agence appelé “Comité local de financement de l'emploi” (Clef), chargé de valider les projets et de déposer les dossiers auprès de la banque pour avoir le crédit. Ce n'est plus le jeune qui se déplace vers les banques, mais le comité qui règle ce problème pour le porteur de projet. Autres nouveautés à l'agence, le jeune est accompagné avant et après la création de la micro-entreprise et même en cas de difficulté pour avoir tout le soutien et la formation nécessaires pour éviter de mettre la clé sous le paillasson. Il est vrai que les dispositifs mis en place pour aider le jeune à créer sa propre entreprise sont, sur le plan théorique, efficaces et très encourageants. Mais, la réalité du terrain est tout autre, selon les spécialistes. L'indice révélateur de la performance d'une microentreprise est sa résistance dans le marché au-delà de trois ans. Une fois ce cap décisif de sa survie dépassé, la micro-entreprise est sauvée. Mais rares sont les entreprises qui tiennent le coup jusqu'à trois ans. Le chiffre réel de mortalité des entreprises relevant des mécanismes de soutien à la création d'emplois n'est pas connu avec certitude. Lors d'une table ronde, organisée en octobre dernier dans le cadre du forum d'El-Moudjahid consacrée à la micro-finance, les intervenants étaient dans l'incapacité de fournir les bilans récents des dispositifs de microcrédit en Algérie. Le représentant de l'Ansej s'est contenté de renvoyer la presse au seul bilan publié par son organisme datant de 2005. Un bilan qui faisait ressortir alors un taux de mortalité de 20 à 25% des entreprises créées dans le cadre de l'Ansej. Une évaluation qui est de toute façon dépassée et qui, de surcroît, ne semble pas du tout en phase avec la réalité. D'ailleurs, lors de cette rencontre, M. Djerrad, commissaire aux comptes et président de l'Union des experts-comptables d'Algérie, a estimé que plus de 50% des entreprises créées dans le cadre des dispositifs du microcrédit finissent par disparaître.