Le président Jacques Chirac, les ministres de Villepin et Perben ainsi que le maire de Paris, Delanoë, ont vigoureusement dénoncé cet acte. Les musulmans de France ont été choqués, hier matin, de découvrir les murs blancs de la majestueuse Grande mosquée de Paris noircis par des graffitis néonazis et autres mots menaçants. “Dégagez !” et “SS” sont entre autres écriteaux profanateurs, peints sur la façade du mur d'enceinte de la mosquée située au cœur de Paris. Pis, ces messages sont accompagnés d'une douzaine de croix gammées qui rappellent les sinistres années d'Adolf Hitler. “Nous avons eu la surprise de découvrir, ce lundi, le long du mur d'enceinte blanc de la Mosquée de Paris une douzaine de croix gammées de peinture noire suivie des mots “Dégagez” et “SS”, a souligné, hier, le recteur de ce haut lieu de culte musulman de France, Dalil Boubekeur. Ce dernier, qui est également président du conseil français du culte musulman, (CFCM), a dénoncé cet acte “intolérable d'islamophobie, qui est un symptôme inquiétant dans la capitale, touchant particulièrement la mosquée de Paris, que ni son discours ni sa tolérance bien connue ne pouvaient justifier pareille haine et pareille intolérance raciste et islamophobe”, a déclaré Dalil Boubekeur dans un communiqué rendu public hier. Tout de suite après, il est allé déposer une plainte au commissariat du Ve arrondissement et à la préfecture de police de Paris. Cette manifestation raciale a vite fait de susciter une vague de dénonciations de la part de l'establishment politique français. À commencer par le locataire du palais de l'Elysée, Jacques Chirac qui s'est dit “indigné suite à la découverte de ces graffitis sur les murs de la Grande mosquée de Paris”. M. Chirac a rassuré Dalil Boubekeur, dans un message de solidarité qu'il lui a adressé, lui promettant “que le gouvernement met tout en œuvre pour retrouver les coupables”. De son côté, le maire de la capitale française, Bertrand Delanoë, a réagi à cette attaque contre l'un des plus grands symboles de l'Islam dans l'Hexagone. “Cet outrage ignoble à ce haut lieu de culte et de paix est une atteinte que les Parisiens ne peuvent accepter”, a-t-il, en effet, souligné dans un communiqué rendu public le même jour. Delanoë a également exprimé sa “colère” et sa “tristesse” en dénonçant et en demandant que “les auteurs de ces actes odieux soient rapidement arrêtés et punis”. “Au nom de tous les Parisiens et en mon nom propre, j'adresse au recteur Dalil Boubekeur et à la communauté musulmane un fraternel message d'affection et de solidarité”, a notamment souligné Bertrand Delanoë. De son côté, le ministre français de l'intérieur, Dominique de Villepin, qui se trouvait en Alsace, a dénoncé les profanations “tout à fait ignominieuses” de la mosquée de Paris et du Mémorial de la déportation de Drancy. “Nous avons assisté, aujourd'hui, (hier ndlr), à plusieurs manifestations à la fois d'antisémitisme et de racisme (…) qui sont inqualifiables, tout à fait ignominieuses”, a estimé De Villepin, promettant que : “nous sommes déterminés à tout faire pour retrouver les auteurs de telles profanations…” Son collègue de la justice, Dominique Perben, a lui, également, réagi contre ces actes qui ont ciblé la mosquée de Paris. Profitant d'une réunion à la cour d'appel de Colmar, le ministre a déclaré que la réponse au racisme “n'est pas seulement le code pénal, mais nécessite une mobilisation de l'ensemble des autorités”. Il est rappelé que ce n'est pas la première fois que les lieux de culte musulmans sont la cible d'actes aussi ignobles que racistes. La Grande mosquée de Creil (Oise), celle de Haguenau (Bas-Rhin), celle de Saint-Just-Rambert (Loire) et celle de Lens (Nord pas-de-Calais), entre autres, avaient été déjà ciblées par ce genre d'agression. La Grande mosquée de Paris, située à proximité du jardin des Plantes au 5e arrondissement, a été édifiée en 1920. C'est la plus prestigieuse des quelque 1 600 mosquées et autres lieux de culte musulmans recensés en France. H. M.