Le nucléaire iranien, la région du Sahel, ont constitué les préoccupations US face à leurs interlocuteurs algériens. Visites de courtoisie ou forcing politique? La succession de rencontres de hauts responsables américains avec leurs homologues algériens, ces derniers jours, est loin d'être «innocente». Comme en politique, il n'y a que des intérêts à défendre, les USA comptent bien préserver leur pré-carré en Algérie. Washington hausse le rythme des visites de ses officiels. En l'espace de deux jours, la Maison-Blanche a délégué de hauts responsables à Alger. Ainsi, successivement, Vicki Huddleston, sous-secrétaire adjointe à la Défense pour l'Afrique et Jeffrey Feltman, sous-secrétaire d'Etat chargé des Affaires du Moyen-Orient se sont pointés dans notre capitale. Ce dernier semble avoir été envoyé en mission spéciale en Algérie, Alger étant la seule escale de M.Feltman. Il n'a pas inscrit de visites similaires aux pays du Maghreb. Ce qui ne manqua pas de susciter des interrogations quant à «l'intérêt subit» que portent les Américains à l'Algérie. De fait, on s'est accoutumé à ce qu'Alger ne soit qu'une étape de passage sur l'itinéraire de hauts responsables américains. Si Mme Huddleston était en Algérie pour discuter de questions militaires et sécuritaires, la mission de M.Feltman semble plus pécise: «Je suis venu pour aborder avec les responsables algériens les questions politiques», a indiqué le sous-secrétaire d'Etat US, lors d'une conférence de presse tenue mercredi en fin de journée, à l'ambassade des Etats-Unis en Algérie. Lors de cette rencontre avec la presse, M.Feltman, n'a pas tari d'éloges sur l'Algérie et son supposé «poids dans la région». C'est l'opportunité que les Américains veulent saisir pour tenter de trouver des solutions aux conflits dans le monde musulman en général et dans le monde arabe en particulier. M.Feltman n'a pas caché que tel était l'objectif de sa visite. Les Américains veulent tisser de meilleures relations et de bons rapports avec tous les pays souhaitant devenir leur «partenaire» sur le plan politique notamment. En sa qualité de pays arabo-musulman d'une part, et africain d'autre part, l'Algérie ne semble pas avoir laissé insensibles les experts américains au point de l'inscrire sur la liste des pays avec lesquels les Etats-Unis souhaitent renforcer leur coopération. A ce propos, Washington veut mettre à profit les bonnes relations qu'Alger entretient avec Téhéran pour assurer une médiation sur le nucléaire iranien. M.Feltman qui a «salué» l'expérience, riche et longue, de l'Algérie dans la résolution des contentieux internationaux, a indiqué qu'il a demandé à tous les pays, y compris l'Algérie, d'user de leur influence et de leurs relations avec l'Iran pour jouer un rôle dans l'aboutissement des négociations quant au dossier nucléaire. Un dossier qui semble faire perdre le sommeil aux responsables politiques américains. Mais il n'y a pas que l'Iran. Ainsi, les Américains s'intéressent au développement de la situation sécuritaire au Sahel, proposant leurs services aux pays de la région, comme ils le firent notamment avec le Mali. Le secrétaire d'Etat adjoint US, chargé du Moyen-Orient explique ainsi le souhait des Etats-Unis de participer à la stabilité de cette région par leur contribution aux efforts que déploient les pays sub sahariens dans l'instauration de la sécurité. Mais Washington souhaite apporter sa touche afin d'établir «une coopération efficace». Même indirectement concernés, les Etats-Unis ne sont pas moins préoccupés par les derniers développements dans le Sahel. «Nous ne cherchons pas à nous substituer au rôle que jouent les pays de la région qui sont directement responsables, mais nous ne cachons pas notre inquiétude quant à la prolifération du terrorisme dans cette zone et nous voulons travailler avec les Africains», a affirmé, M.Feltman. Ce dernier avait, par ailleurs, confirmé que le but de son déplacement à Alger est de discuter des questions purement politiques, et ce, au niveau aussi bien bilatéral que régional et international. Or, le regard attentif des USA se porte sur des questions qui intéressent au premier chef la Maison-Blanche comme pour marquer un wait and see sur d'autres dossiers sans doute moins imbriqués dans la sécurité des Etats-Unis, à l'instar de la question du Sahara occidental, pourtant au coeur de la sécurité de la région du Sahel. C'est du moins ce qui a pu être retenu de l'intervention de M.Feltman sur le dossier sahraoui. A la question portant sur celui-ci, F.Feltman n'a pas apporté de réponse claire et directe, mais a rendu encore plus ambiguë et confuse la position de l'administration américaine. «Nous encourageons les parties en conflit à étudier l'ensemble des propositions émises et allant dans le sens du règlement définitif de cette question», a-t-il indiqué. «Les Etats-Unis soutiennent les résolutions des Nations unies concernant la question du Sahara occidental. Nous faisons confiance aux organisations internationales et au processus de négociations qui est engagé, mais nous ne faisons pas de commentaire sur les mécanismes de résolution de ce conflit. On est là pour créer le meilleur environnement pour que cette question soit résolue définitivement», a-t-il ajouté.