C'est dans cette région que l'organisation criminelle compte désormais orienter ses objectifs, en usant de ce qui lui reste comme force de frappe. Le Mali, le Niger et la Mauritanie sont désormais les fiefs des réseaux terroristes affiliés à ce qu'on appelle Al Qaîda au Maghreb islamique. Ces pays concernés directement par ce qui se passe dans la bande du Sahel, qui s'étend sur des milliers de kilomètres sont, à ne pas en douter, des régions à haut risque où l'activité criminelle et la menace terroriste demeurent très dangereuses. Deux opérations spectaculaires de kidnapping ont été conduites par les réseaux d'Al Qaîda au Mali et en Mauritanie. En effet, un ressortissant français a été enlevé de l'hôtel Ménaka (Mali), où il résidait jeudi dernier, vers une heure trente du matin, par un groupe armé. La victime exerçait dans cette région en tant qu'élément d'une organisation humanitaire. L'autre enlèvement a ciblé trois autres humanitaires d'origine espagnole qui activaient en Mauritanie. Les trois victimes dont une femme ont été kidnappées entre Nouakchott et le port Nouadhi-bou au nord du pays. Al Qaîda espère certainement une rançon en échange de ces victimes. Ce qui se passe actuellement au niveau de ces régions n'est qu'une application du plan du numéro deux d'Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, qui a appelé dans ses sorties médiatiques à cibler les objectifs européens dans le Grand Maghreb, c'est du moins ce que pensent des spécialistes de la question sécuritaire. Ce chef terroriste d'origine égyptienne et médecin de son état, avait lancé un appel en direction du Gspc, la branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb, pour s'attaquer à tout ce qui pouvait représenter les intérêts européens dans la région et plus particulièrement la France. C'est dire que la menace n'est pas nouvelle et ces kidnappings sont loin d'être surprenants. C'est sur les pays du Sahel que cette organisation terroriste oriente désormais ses objectifs, en usant de ce qui lui reste comme moyen de subversion pour garder la bande du Sahel en plein climat de déstabilisation et perturbation au profit de leurs multiples activités illicites. Ceci dit, un rapport du département d'Etat américain avait fait état que «Al Qaîda malgré sa présence remarquable au niveau de cette zone n'aura pas réussi à atteindre ses objectifs tracés». «Cela est dû à la lutte antiterroriste pilotée par les services de sécurité en Algérie au point même que cette organisation n'a plus les moyens de recruter de nouveaux candidats», a-t-on souligné dans le document du département d'Etat US. Il n'en demeure pas moins que cette zone reste le lieu de prédilection d'Al Qaîda. Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, qui s'exprimait en marge de la 14e Conférence des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée, «c'est bien la matrice idéologique du terrorisme qu'il faut combattre au plus haut niveau». M.Zerhouni a exigé que la lutte contre l'hydre terroriste se fasse avec un engagement constant et déterminé des Etats du monde entier en ce sens que le phénomène terroriste est transnational. Ces déclarations interviennent quatre mois après la réunion à Tamanrasset qui avait rassemblé en plus des hautes instances militaires, celles du Mali, du Niger et de la Mauritanie. C'était justement pour dégager les grandes lignes d'une coopération militaire contre le terrorisme dans la bande du Sahel et comment ramener la stabilité dans cette région, qu' a été tenue cette réunion. Il va sans dire que le contexte actuel inquiète surtout les Français dont les autorités viennent de signifier à leurs ressortissants qui y sont présents de quitter la région vu l'aggravation de la situation sécuritaire, notamment en ce qui concerne les régions de l'est du Mali, le nord du Niger et le nord-est de la Mauritanie. Des zones jugées très menacées par le terrorisme. La bande du Sahel continue de susciter des inquiétudes universelles. Les derniers actes de kidnapping vont certainement attirer la foudre sur les réseaux d'Al Qaîda, particulièrement des Américains qui ne veulent pas rester loin de ce qui se passe dans cette zone, surtout quand il s'agit des réseaux affiliés à Al Qaîda.