Un richissime commerçant de cette région vient d'être arrêté par les forces de sécurité au motif qu'il a été identifié comme un puissant pour de fonds des réseaux terroristes. Il faut dire que ce n'est pas l'unique fois que des opérations de démantèlement de réseaux de soutien aux islamistes ont été mis hors d'état de nuire. En revanche, c'est la première fois qu'une grosse pointure dans le domaine du financement occulte a franchi le cap de la rétention sécuritaire, sans toutefois que son nom soit divulgué. Souvenons-nous de l'année 1992 au cours de laquelle, acculée à agir par substitution faute d'un gouvernement suffisamment fort pour barrer la route aux islamistes, l'armée a dû intervenir pour arrêter le processus électoral des législatives. Résultat : sauver la République! Mais que de frustration ressentie par les 3,5 millions de votants aux communales et un peu plus aux législatives avortées, une masse d'électeurs recelant des dizaines, voire des milliers de bailleurs de fonds de l'ex-FIS dont les colossales sommes d'argent servaient à la nébuleuse pour mener à terme une double mission: d'une part une action sociale au profit des couches les plus défavorisées pour les ramener dans son giron et, d'autre part, l'achat d'armes pour équiper ses groupes armés qu'elle avait chargés de tuer massivement au nom de Dieu. Le tout conduit de sorte que la population - les 3,5 millions d'électeurs de l'ex-FIS compris - ne s'aperçoive pas qu'une partie d'entre elle finance en toute bonne foi les assassinats en masse perpétrés par les terroristes islamistes contre le peuple algérien. La dissolution de l'ex-FIS a donné naissance à des mouvements radicaux dont le plus connu est le GIA. L'entrée en guerre contre l'Algérie de cette organisation va insensiblement coïncider avec le réveil des consciences des populations ayant soutenu l'ex-FIS. L'Islam traditionnel reprenant son souffle, la nature funeste de l'intégrisme démasquée, les réseaux terroristes algériens vont se redéployer pour trouver d'autres sources de financement. La principale de ces sources sera l'Angleterre où Al-Qaîda de Ben Laden, qui a pignon sur rue, et d'autres banquiers arabes ouvriront grandes leurs réserves pour financer l'oeuvre principale des taliban en Afghanistan, à savoir la mort et l'avilissement des . Le GIA, le MIA et bien d'autres filiales de l'ex-FIS et sous leur couverture légaliste des partis religieux, profiteront de la manne de ce financement pour aggraver la vie des Algériens. Pour autant le financement des terroristes provenait-il exclusivement de l'extérieur? Nullement, car dès que l'Algérie va commencer à mieux maîtriser les réseaux pour s d'armes et d'argent destinés aux terroristes islamistes, dès que l'Etat commencera à ressentir le besoin de mieux gérer ses équilibres macroéconomiques et ses flux financiers extérieurs, les GIA et consorts changent de tactique et décident d'investir tous les marchés informels en faisant chanter les détenteurs de capitaux, que ce soit l'argent provenant du trabendo ou celui des importations très lucratives dont d'anciennes grosses légumes du sérail, recyclées dans les affaires louches, continuaient de profiter. C'est là que le GIA et ses semblables ont planté leur décor pour soutirer le maximum d'argent à leurs bailleurs de fonds. Aujourd'hui, c'est un milliardaire dont on a appris l'arrestation. S'agit-il d'un pour conscient du malheur que représentent le GIA et ses semblables? Ou d'un homme, riche, certes, mais sur lequel le chantage des terroristes n'a pas cessé de s'exercer. A dire vrai, personne n'est à l'abri du chantage de gens qui n'hésitent devant rien pour extorquer des fonds à ceux qui en possèdent légalement ou pas. Les terroristes n'obéissent à personne d'autre qu'à la fascination qu'exerce sur eux leur propre utopie. Qu'ils apprennent par exemple qu'un trafiquant de sable éprouve des difficultés avec les autorités à remplir ses camions et les voilà en route pour lui proposer, moyennant finances, de le protéger.Tout cela existe effectivement et les services de sécurité ne l'ignorent pas. Cette convergence de profits illicites était, en effet, en vigueur avant le 11 septembre 2001, le GIA et consorts étaient alors à l'aise pour défrayer la chronique croyant ainsi, pour perdurer, pouvoir défier le pouvoir en place aussi longtemps qu'ils le souhaitent. Désormais, depuis le 11 septembre 2001, la situation a changé et les pays du Golfe arabo-persique s'amusent de moins en moins à se porter financièrement au secours des réseaux qui tuent. Dès lors et puisque la mayonnaise de l'Etat islamique utopique n'a pas pris, il reste aux détenteurs de fonds sur lesquels s'exerce le chantage des groupes terroristes, de prendre leur courage à deux mains pour dénoncer l'épée de Damoclès qui pèse sur eux. Nous savons que la dignité est parfois dure à assumer. Mais il faut ce qu'il faut.