Alors qu'il détient plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement, le FLN se veut aussi comme force de proposition. Le FLN reconstitue ses forces. Il s'offre une architecture à l'image de celle du gouvernement. Des secrétariats et des commissions sont installés dans tous les domaines. Santé, éducation, agriculture, pêche, transport, jeunesse, économie, politique, études stratégiques, relations internationales, femmes et même les enfants, rien n'a été lâché. Le vieux parti veut s'impliquer partout et à tous les niveaux. Depuis le 9e congrès dernier, il a installé pas moins de sept commissions. Présidées par des ministres, ces commissions ont pour objet de résoudre les problèmes dont souffrent les secteurs. Tout en associant les cadres et les compétences, le FLN ouvre un espace de concertation et de débat pour trouver des solutions aux problèmes, entre autres le chômage et la prise en charge des jeunes. Jeudi dernier, lors de l'installation de la commission de santé, M.Belkhadem a été critique sur la politique du secteur en qualifiant la situation d'«inacceptable» sachant que l'Etat consent des «efforts considérables» pour la promotion de la santé publique. «Cette commission a été créée dans le souci d'assurer la coordination des actions en vue de dynamiser les efforts de l'Etat en matière de santé publique, d'autant plus que le secteur de la santé connaît une interaction entre public et privé», a-t-il expliqué devant les membres de la commission. M.Belkhadem a même relevé la question liée à la gestion des établissements sanitaires en Algérie, soulignant que la commission devra définir les «causes» de certaines défaillances et du «manque de compétence», et ce, en dépit de l'existence de capacités humaines, de structures et d'équipements. Idem pour les autres secteurs. Ce n'est pas tout. Sachant que l'argent est le nerf de la guerre, le FLN s'est même constitué un club d'hommes d'affaires. M.Belkhadem a fait savoir que l'objectif de ce forum «était d'identifier les problèmes qui empêchent les ressources humaines et matérielles du pays de bâtir une économie nationale complémentaire aux hydrocarbures». Sachant qu'il y a un manque de dialogue entre les pouvoirs publics et les opérateurs économiques, M.Belkhadem a sauté sur l'occasion pour occuper le terrain. Ainsi, le FLN s'impose comme veillant aux intérêts de l'Etat et des citoyens. Alors qu'il détient plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement, le FLN forme son propre pouvoir. Pourquoi? A quoi rêve le FLN? Veut-il se constituer en un gouvernement parallèle à celui de Ouyahia? Une chose est sûre: la stratégie du FLN cache des arrière- pensées et des enjeux géopolitiques. Son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, n'a pas dissimulé son ambition de récupérer ce qu'il a perdu. Lors du discours qu'il a prononcé à l'ouverture du 9e congrès, en mars dernier, M.Belkhadem a souligné la nécessité pour le FLN de voir restitués sa place et ses pouvoirs à différents niveaux. C'est pourquoi il se concentre actuellement sur le montage de son organigramme. En recourant à la mise en place des commissions, le parti veut prouver qu'il est plus efficace que le gouvernement. Etant majoritaire, le FLN ambitionne même de reprendre les commandes au sein du gouvernement. D'ailleurs, les observateurs de la scène politique voient en cette démarche une tentative de faire de l'ombre au gouvernement Ouyahia. Ce n'est pas nouveau pour l'ex-parti unique. Cette pratique est devenue une tradition chez le FLN. Preuve en est, il a opté pour la même stratégie en 2006 où il a essayé de se substituer à l'Exécutif Ouyahia. Certes, les deux chefs de parti sont des partenaires de l'Alliance présidentielle, il n'en demeure pas moins que la course au leadership devient de plus en plus rude. Alors que le FLN fait tout pour préserver sa place de première force en étendant ses pouvoirs, le RND, quant à lui, aspire à plus d'acquis. Si le FLN investit le terrain, d'ores et déjà et veut rafler la mise lors des législatives de 2012, ce n'est pas pour rien. En renforçant son poids au niveau de la chambre basse du Parlement, le FLN augmentera ses chances au sein du gouvernement. Même s'il n'aura pas les commandes de l'Exécutif, le FLN aura toujours un joker dans la main pour imposer son diktat.