«L'Algérie trépide et c'est normal!», a confié M.Yellès, président du Craag (Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique). Joint hier par téléphone, ce responsable a expliqué que la forte activité sismique observée ces deux derniers mois à travers le pays, notamment à l'échelle de certaines wilayas de l'Ouest comme Aïn Témouchent, Aïn Defla ou Relizane était tout à fait normale. Notre interlocuteur a rappelé que la terre tremble généralement en Algérie sans pour autant se dérober sous les pieds des habitants. Selon lui, le sol vibre de manière constante en Algérie avec une fréquence qui va de 50 à 100 secousses an et que 90% de ces ondes sismiques ne sont pas ressenties par la population. Interrogé sur l'existence d'une faille spécifique qui serait à l'origine de ces phénomènes géologiques, le scientifique a rassuré qu'aucune faille n'est à privilégier tout en signalant que des failles traversent, d'est en ouest, tout le nord du pays. Interpellé sur la possible corrélation entre les différentes phases de la lune et les mouvements de l'écorce terrestre, M.Yelles a d'emblée écarté cette hypothèse en précisant que les travaux de recherche n'ont jamais mis en évidence l'incidence des phases lunaires sur l'occurrence de séismes. «Nous ne pouvons pas prédire les séismes mais seulement en limiter les conséquences» a-t-il ajouté. Rappelons qu'un tremblement de terre d'une magnitude de 4,8 degrés sur l'échelle de Richter vient d'ébranler Aïn Defla. Ce dernier fait suite à de nombreux autres, notamment la secousse tellurique d'une magnitude de 3,5 degrés sur l'échelle de Richter qui a été enregistrée durant la nuit du 26 septembre dernier à Sidi Bel Abbès, ou celle de même magnitude qui a également été ressentie à l'aube du 30 octobre dernier dans la région de Aïn Témouchent, dans l'extrême nord-ouest algérien. Deux tremblements de terre d'une magnitude de 4,5 et 4,2 sur l'échelle ouverte de Richter ont enfin été ressentis jeudi matin dans la région de Relizane, à 320 kilomètres à l'ouest d'Alger. Une localité qui a été secouée ce 1er novembre par une secousse de magnitude de 3,1 sur la fameuse échelle. Notons à Aïn Defla la construction d'un nouveau siège du Centre de contrôle de la construction (CTC) réalisé sur des isolateurs parasismiques à titre de projet pilote qui sera inauguré vers la fin de l'année en cours. Les travaux de réalisation de ce projet unique en son genre à l'échelle nationale, ont été lancés juillet 2006 pour un délai de 24 mois. Cet ouvrage en R+2 avec sous-sol a la particularité de reposer sur 21 isolateurs sismiques placés au sommet des poteaux du sous-sol. Ces isolateurs fournis par un producteur malaisien spécialisé dans ce type d'appuis, laissent ce local vibrer avec le sol en cas de séisme, et permettent à la superstructure de se déplacer latéralement, épargnant ainsi, la vie des hommes et à la structure des dommages importants. M.Yellès voit en cette technologie un excellent moyen de réduction des risques sismiques. Cette mission de prévention incombe à de nombreux acteurs, a-t-il conclu.