Le roi du Maroc menace de sévir contre les Sahraouis soupçonnés d'appartenir au Polisario. Les accusations de haute trahison pèsent contre eux. Des Sahraouis pro-Polisario existent bel et bien. Pour ceux qui en doutent encore, la confirmation vient du roi Mohammed VI. Le souverain n'hésite pas à les qualifier d'adversaires de l'intégrité territoriale du Maroc. Là aussi, il nous apprend que des combattants luttent pour la libération de leur territoire. C'est pour cette raison qu'il a appelé avant-hier les autorités à agir avec la plus grande fermeté contre eux. Cette répression, par contre, n'est pas nouvelle. Toutes ces informations et ces directives sont contenues dans un discours prononcé à l'occasion du 34e anniversaire de «la Marche verte» et de l'annexion de l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental. Ce discours intervient plusieurs semaines après les déclarations du Front Poilisario qui annonce une possibilité de reprise des armes en cas de persistance du blocage du processus conduisant à un référendum. Cette évolution est interprétée par le royaume comme une nouvelle menace pour sa sécurité d'où la fermeté des instructions du roi. Selon ce dernier, le temps est venu pour que toutes les autorités publiques redoublent de vigilance et de mobilisation afin de contrecarrer, avec la force de la loi, «toute atteinte à la souveraineté de la nation, et de préserver, avec toute la fermeté requise, la sécurité, la stabilité et l'ordre public». Le souverain assimile les actions des Sahraouis à des «complots ourdis contre la marocanité de notre Sahara». Le fait que l'Algérie a souligné depuis quelques jours son intention de continuer à recevoir des réfugiés sahraouis n'est pas fait pour calmer les soupçons du Maroc ni pour desserrer l'étau sur d'autres militants. Ces derniers sont accusés par le roi «d'intelligence avec l'ennemi qui relève de la haute trahison» notamment lorsqu'il s'agit de certains d'entre eux parmi lesquels se trouve un groupe de sept Sahraouis qui se sont récemment rendus dans des camps de réfugiés. Le roi n'hésite pas a à adopter un ton menaçant lorsqu'il déclare qu'«il n'y a plus de place pour l'ambigüité et la duplicité: ou le citoyen est marocain, ou il ne l'est pas». Il souligne aussi que «l'heure est à la clarté et au devoir assumé. Ou on est patriote ou on est traître. Il n'y a pas de juste milieu entre le patriotisme et la trahison». «On ne peut jouir des droits de la citoyenneté et les renier à la fois en complotant avec les ennemis de la patrie», a encore déclaré Mohammed VI. Ne voulant rien lâcher sur le dossier, le roi rappelle que le Sahara est une composante de la nation marocaine. Il ne pouvait s'exprimer autrement sans rompre l'union sacrée à l'intérieur du Maroc sur cette question. Il s'adresse alors à ceux qu'il qualifie d'«adversaires de notre intégrité territoriale et ceux qui se meuvent dans leur giron». Selon lui, ces personnes «savent plus que d'autres que le Sahara est une cause cruciale pour le peuple marocain». Il a poursuivi en notant qu'il était lui-même le dépositaire et le garant de la souveraineté, de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Maroc. Ces certitudes ont conduit sept Sahraouis devant le tribunal militaire de Rabat après avoir été arrêtés à leur retour de Tindouf mais la date de leur procès n'a pas encore été fixée. Le souverain ne pouvait pas conclure son discours sans faire référence à son père, Hassan II, qualifié de «vertueux martyr de l'intégrité du territoire» marocain. Il s'inspire également de la politique du roi défunt pour appuyer sa quête à se défaire de la nécessité d'accepter un référendum d'autodétermination. Le roi considère alors que «le meilleur gage de fidélité à leur mémoire éternelle est de réaffirmer le serment indéfectible de ne jamais marchander ou renoncer à un grain de sable de notre Sahara, car il s'agit d'une question d'existence et non de frontières». Ce rappel n'est pas fortuit. C'est en 1975, à l'appel du roi Hassan II, que quelque 350.000 Marocains avaient participé à une marche en direction du Sahara occidental, encore sous occupation espagnole, pour marquer l'appartenance de ce territoire au Maroc. Rabat administre le Sahara occidental depuis cette date et le considère comme une partie intégrante du royaume. Le Maroc a proposé un plan d'autonomie pour régler ce conflit. Le référendum est la solution préconisée par l'ONU qui y dépêche régulièrement une mission d'observateurs, notamment pour s'assurer du respect du cessez-le feu.