En hausse, ce phénomène se manifeste par la violence verbale, physique et morale. Le phénomène de la violence dans les établissements scolaires prend de l'ampleur. Les accrochages entre élèves à la sortie des établissements sont un fait qui s'est banalisé sous le regard passif des adultes. Le plus grave est la participation des filles à des bagarres souvent entamées dans la cour et qui se terminent sur la voie publique. Certaines bandes organisées se postent devant les portes d'entrée et dictent leurs lois sans aucune inquiétude. Il n'est plus rare de voir des collégiens exhiber des couteaux. Dans les classes on parle de rackets, de menace. Il n'est plus rare d'entendre parler d'un enfant qui cède ses affaires sous la menace, surtout quand son cahier est bien tenu. Les cancres souvent plus imposants physiquement, soutirent aux moins robustes leurs cahiers, leurs stylos... Les dégradations sont monnaie courante. Dans un établissement moyen du chef-lieu de la wilaya de Bouira, on, apprit que plus de 300 chaises ont subi, en moins de deux mois, la colère des élèves. Les graffitis sont un autre moyen utilisé pour marquer sa révolte. Souvent les écrits sont adressés aux enseignants traités de tous les noms d'oiseaux. Au lycée, les enseignantes sont parfois prises à partie par des élèves qui tentent d'imposer leur loi et qui exigent une bonne note sans fournir le moindre effort. Il n'est pas rare de voir des élèves allumer des cigarettes sur le seuil de l'établissement, de prononcer des obscénités en présence des éducateurs. Le port obligatoire du tablier est une décision difficile à appliquer. Les administrations rejettent la responsabilité sur les professeurs. Ces derniers soutiennent que leur mission précise est d'enseigner. Les associations de parents d'élèves sont absentes. Plusieurs établissements n'ont jamais renouvelé ces structures même si les anciens élus des bureaux exécutifs n'ont plus d'enfants scolarisés. La réduction des effectifs dans le corps des adjoints de l'éducation, le statut médiocre de cette frange des personnels qui n'attire pas, la charge des programmes, la surcharge des classes d'où l'exiguïté, l'inexpérience de beaucoup d'enseignants dans le domaine de la psychopédagogie...sont autant d'éléments propices à cette dégradation totale du système éducatif et par conséquent à l'émergence de la violence. L'interdiction de recourir à toute forme de châtiment, l'inefficacité des conseils de discipline, les décisions unilatérales de certains chefs d'établissement qui passent outre les conseils de classe dans les décisions de passage ou d'exclusion sont les autres causes à l'origine de ce phénomène. Certes, la violence n'est pas spécifique à nos écoles. Elle est plus grave ailleurs. Faut-il pour autant fermer les yeux et attendre que l'irréparable se produise pour réagir? Voilà peut-être un vaste chantier pour le ministre de l'Education qui pense que la couleur d'un tablier peut «uniformiser» socialement les élèves. La dégradation du pouvoir d'achat, la misère de plus en plus élargie à des couches jadis dites moyennes sont deux phénomènes qui accentueront l'agressivité des enfants livrés à eux-mêmes quand le souci quotidien des parents est encore de les nourrir.