Les affrontements se font toujours dans plusieurs localités. La tangente prise par les événements depuis quelques mois en Kabylie, suscite inquiétudes et appréhensions au sein d'une population désabusée et otage de deux protagonistes excellant dans l'art de dialogue de sourds. Après une accalmie de près d'un mois entrecoupée d'éphémères actions limitées dans le temps et l'espace, la région a fini par sombrer de nouveau dans les troubles à la faveur du redéploiement du mouvement citoyen par des actions de protestation. Par ce retour sur le terrain, les animateurs voulaient crier leur colère face au «mutisme» du pouvoir qui fait preuve de «duplicité» qui en dit long sur ses véritables intentions, c'est du moins le message que les animateurs ont saisi et distillé ici et là. En effet, alors que la population en général attendait du Chef du gouvernement des gestes d'apaisement en appui à son appel au dialogue lancé au lendemain des résultats «contestés» des législatives du 30 mai, le responsable de l'Exécutif rate, encore une fois, l'occasion de désamorcer la crise. Ne faisant que renouveler l'appel au dialogue, le Chef du gouvernement a beaucoup déçu une opinion en attente. Le silence observé, notamment par rapport à la revendication de libération des détenus, est, de l'avis général, l'étincelle qui a enflammé la région. Ce «mutisme» n'a pas été au goût des animateurs qui se sont empressés de rejeter toute idée de dialogue ou de négociation en insistant sur le caractère «sournois» de l'offre. C'est alors, la méfiance que les animateurs vous expliqueront avec des arguments. «Comment voulez-vous dialoguer avec quelqu'un qui maintient un des nôtres en cellule», disaient en substance les animateurs, qui commençaient déjà à envisager une batterie d'actions de pression. De leurs côtés, les délégués détenus perdaient chaque jour l'espoir de voir leur sort fixé. Après avoir «pris acte» publiquement de l'offre de Benflis, ils n'ont rien vu venir d'où cette désillusion exprimée par le recours, pour la deuxième fois, à la grève de la faim. Parallèlement, leurs parents, gagnés aussi par le désarroi, entreprenaient des actions en solo pour alerter l'opinion et les autorités. Devant cette situation, les animateurs se concertent et optent pour une pression plus radicale. La rue s'enflamme de nouveau à la faveur des actions décidées. Les affrontements se font toujours dans plusieurs localités. Depuis samedi la situation s'est dégradée à Béjaïa où les échauffourées ont éclaté à hauteur des daïras bien avant l'expiration de l'ultimatum. Piqués dans leur amour-propre par l'arrivée des renforts de CNS aux sièges de daïra, les jeunes n'ont pu supporter ce qu'ils considèrent comme «provocation de plus». Ils sont allés affronter les CNS tout en étant conscients que «l'expulsion des chefs de daïra n'est pas une décision de la CICB». Hier, à Chemini, les jeunes manifestants nous expliquaient: «Non seulement, il (le pouvoir, Ndlr) ne libère pas les détenus, mais envoie des renforts». Hier encore, on continuait à expliquer les blocages des routes, les fermetures des sièges de daïras comme «les conséquences de l'arrivée des renforts et le maintien des détenus en prison».