Les produits à l'effigie de l'Equipe nationale se vendent comme des petits pains. «Cette année, l'Aïd sera célébré le 15 novembre», affirme un jeune coiffé d'un chapeau à la gloire des Verts. «J'ai dû reporter mon mariage à cause du match contre l'Egypte», avoue, pour sa part, Samir, un jeune employé d'administration. Le match Egypte-Algérie accapare toutes les attentions. A J-2, la fièvre monte. Au frigo, les problèmes du logement, la flambée des prix, les grèves, les sénatoriales, la loi de finances!...Seule la qualification au prochain Mondial compte. Et cela fait fric! A Alger, les points de vente d'habits, de drapeaux, de fanions et toutes sortes de gadgets à l'effigie des Verts poussent comme des champignons. Bab El Oued bat la chamade pour les exploits des Ziani and C°. Femmes, enfants, vieux, jeunes, adolescents, tous sont pris dans le tourbillon de la «Khadramania». Ils s'enivrent de la coupe verte, rouge blanche. Virée sur un quartier qui s'est mué en un fleuve aux couleurs nationales. A la placette «les Trois Horloges», les vendeurs ont occupé les lieux aux premiers rayons du soleil. Ils sont au moins une dizaine. 10h00. Le marché central de Bab El Oued grouille de monde. Les lieux sont ornés d'emblèmes nationaux. Les Verts occupent les coeurs et les têtes. Leurs noms sont sur les tricots, les châles et les bandes proposées à la vente. On s'empresse. «Nous vendons jusqu'à 100 tricots par jour», avoue Kamel, un jeune vendeur plein de verve. Sous sa casquette blanche, ce fleuron décline les prix pratiqués de sa marchandise: «Les survêtements font 800 DA, les drapeaux entre 400 DA et 500 DA, les chapeaux 100 DA». Abdelhak Boumerti arrive. Etudiant, il achète un survêtement, un drapeau et un chapeau. «Le prix ne compte pas. Seule compte la qualification de notre équipe. Surtout que le match décisif se joue contre les Egyptiens et sur le terrain.» A quelques encablures de là, Omar tient un magasin d'habillement. Selon ce dernier «le commerce des habits de l'équipe nationale s'est développé de manière vertigineuse. Partout, des points de vente sont installés». Plus loin, une musique nous parvient d'une discothèque. «Souk Masser n'hewlouha», dit la chanson. (nous allons mettre sens dessus dessous le marché égyptien). A l'évidence, la chanson fait référence aux capacités techniques du Onze national. L'intérieur de la boutique est «envahi» par des clients. Pas forcément mélomanes, ces derniers sont venus acheter des CD «Spécial Equipe nationale». A 100 DA l'unité, les CD se vendent comme des petits pains. Preuve en est, un homme, la cinquantaine vient d'acheter quatre CD. «L'amour de mon pays n'a pas de prix», lance fièrement, M.Belhemouche dont la barbe grisonnante de trois jours indique le poids du quotidien sur ses larges épaules. Qu'à cela ne tienne, l'homme vibre encore à chaque exploit du Onze national. Dans ses yeux luit toujours la flamme footbalistique de son enfance. Il garde intact le souvenir des prouesses techniques des magiciens du ballon. Décidément, les Bencheikh, Bachi, Bousri, Bachta et Betrouni ont laissé des traces indélébiles. Un autre client se faufile parmi les présents pour acquérir quatre CD. «J'ai besoin d'écouter, constamment ces chansons», avoue le jeune homme. Pour ce dernier, la réussite des Verts symbolise celle de la jeunesse algérienne. «Les Ziani, Matmour, Antar Yahia, Saïfi et les autres son notre fierté. Ce sont eux qui nous rendent l'espoir», révèle Saïd. Et au vendeur d'avouer: «Les chansons à la gloire de l'Equipe nationale sont devenues de véritables tubes.» Les clients sont de tout âge et des deux sexes. Tous sont venus acheter les tubes glorifiant les exploits des Fennecs. Lesquels exploits ont été possibles grâce aux efforts fournis pour l'amélioration de la gestion de l'Equipe nationale. A ce titre, M.Mahieddine Khalef, l'homme de Gijon avait déclaré: «La gestion de l'équipe nationale a été professionnalisée.» Le nom de Khalef rappelle la glorieuse Equipe nationale de 1982. Celle des Assad, Belloumi, Madjer, Dahleb, Cerbah, Fergani et autres. Qui peut oublier le fameux match contre l'Allemagne? Cette foi-ci, une nouvelle génération veut reprendre le relais. «Saâdane est un cheikh du football. Samedi, le cheikh administrera une leçon de savoir-faire à M.Shehata», assure Djamel, un autre commerçant. Ce dernier rappelle: «Au départ, peu de gens croyaient en nos chances de qualification. Aujourd'hui, les portes de la qualif' nous sont grandes ouvertes. Cela montre que Saâdane a déjà réussi un exploit.» En véritables conquérants, Ziani and C° se rendront au pays des pharaons pour arracher le sésame tant convoité qui ouvre les portes du Mondial. Le rêve est permis.