Toute l'armada du FBI américain n'a rien pu contre lui. C'est parce qu'il est tout bonnement innocent. «C'est tout le peuple algérien qui a été atteint par les accusations à tort du FBI (...) Ma carrière est finie à cause d'eux», a déclaré le jeune pilote algérien dont les yeux portent encore les traces d'une injustice flagrante. Allant dans le sens contraire de l'esprit même de la justice, ce pilote a été accusé sur la base de «simples présomptions» et c'était à lui de prouver qu'il était innocent. N'eût été la «sagesse du doyen des juges britanniques», il aurait succombé à une véritable parodie judiciaire américaine. Ce même juge s'est dit «satisfait que Raïssi n'ait pas de lien avec Al-Qaîda». «Mon pays ne m'a pas lâché, c'est grâce au Président de la République et les conseillers diplomatiques que je suis parmi mes compatriotes. Merci à tous», a-t-il déclaré avec un sourire qui ne l'a pas quitté durant toute la conférence de presse. Mon rêve, disait-il, était de «travailler dans une grande compagnie aérienne américaine» et voilà que ce sont les Américains qui brisent son rêve. «Ma carrière est finie, je ne peux voler ni en Europe ni autre part dans le monde. Pourtant j'ai toujours affirmé haut et fort que je n'ai aucun rapport avec les terroristes d'Al-Qaîda, et j'ai été peiné pour les victimes de l'attentat», a-t-il indiqué en marquant un silence qui a véritablement pesé dans la salle. A ce moment-là, Lotfi l'enfant de Bab El-Oued, pensait aux dures et longues journées passées dans les cachots de la prison britannique «Hellemarch (l'enfer) et non pas Bellemarsh», comme il l'a qualifiée. «J'ai passé 23 longues heures dans la cellule comme un dangereux criminel.» Difficile d'oublier cela. «Je ne pardonnerai jamais. Non seulement ils ont porté préjudice à ma carrière, mais c'est tout le peuple algérien qui a été atteint», conclut Lotfi fier de son appartenance à ce peuple, fort de la présence infaillible de sa mère, de sa jeune femme et de sa tante. C'est certainement cette même force et cette même innocence qui l'ont aidé à surmonter l'injustice. «Le juge anglais a pris du temps, mais il n'a pas cédé aux pressions des Américains.» Sur les conditions de son arrestation il dit: «J'ai été kidnappé par le MI 5 anglais. Au début le nom de Lotfi Raïssi n'avait aucune importance, c'étaient beaucoup plus mon appartenance et ma confession. Durant cinq longs mois, le FBI et le MI 5 n'ont pu apporter aucune preuve contre moi, tout simplement parce que je suis innocent, je n'ai et je ne pourrais avoir un lien avec les pirates de l'air.» Pis encore, les enquêteurs américains, pourtant assermentés, n'ont pas cessé de mentir. Le maintenir en détention surtout lorsqu'ils ont déclaré qu'il n'avait pas «signalé sa blessure au genou survenu lors d'un match de tennis et à la suite de laquelle son médecin ne lui a jamais interdit de voler, du fait qu'elle n'était pas du tout grave». N'ayant pas été très convaincants, les agents du FBI ont sorti l'histoire de la fameuse cassette vidéo. Ils prétendaient que lors de son voyage en Arizona (USA), Lotfi était en compagnie d'un des kamikazes qui ont fait se crasher l'avion sur le Pentagone. «Faux, atteste Lotfi, il s'agit de mon cousin».