Le pilote algérien avait été impliqué à tort dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001. 9 ans après les faits, il ne désarme pas et exige que les autorités britanniques lui demandent pardon. Lotfi Raïssi a rendez-vous vendredi prochain à la Haute Cour, à Londres, pour savoir si Jack Straw, ministre de la Justice a consenti enfin à lui présenter des excuses, au nom du gouvernement britannique, pour le grave préjudice dont il a été victime, après avoir été impliqué à tort dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001. Le pilote algérien attend ce mea-culpa depuis de longues années. Au lendemain des attaques d'El-Qaïda à New York et Washington, il était arrêté chez lui à Berkshire, au sud de la capitale britannique, comme un dangereux criminel. “Je suis Algérien, musulman et pilote”, observe Raïssi. Son profil, en effet, fait de lui le suspect idéal. À la demande du FBI, des agents de Scotland Yard lui mettent les menottes aux poignets et le transfèrent à la prison de haute sécurité de Belmarch, en attendant son extradition aux Etats-Unis. Sans aucune preuve tangible, le pilote algérien, qui était alors âgé de 27 ans, est accusé d'avoir entraîné certains des kamikazes qui ont fait exploser leurs avions aux USA. En prison où il a été poignardé, son séjour se transforme en cauchemar. Son élargissement intervient en 2003, suite à une décision du juge Timothy Workman, le même qui a statué en juin dernier dans l'affaire de l'extradition de Rafik Khelifa en Algérie. Le magistrat estime que les charges portées à l'encontre du pilote algérien sont infondées et que celui-ci n'a rien à voir avec les attaques kamikazes. Des documents confidentiels dont les journaux britanniques, The Times et The Guardian ont obtenu des copies, montrent comment le FBI a fabriqué de fausses preuves et de quelle manière la police et le parquet en Grande-Bretagne ont violé le code des procédures dans le but d'incriminer Raïssi, en l'absence de la moindre pièce à conviction. Pis encore, les représentants du procureur sont les porte-parole du FBI à l'intérieur du tribunal. The Guardian a révélé en novembre dernier comment un agent des services de sécurité américains a été envoyé à Londres pour briefer les magistrats et les intoxiquer. Deux coïncidences conduisent les services américains de sécurité à penser que le pilote algérien est partie prenante dans les attentats d'Al-Qaïda. Son stage à Sawyer School Of Aviation, une école de pilotage en Arizona en 1998, fait suite au passage dans cet établissement de Hani Hanjour, le terroriste qui a ciblé les bâtiments du Pentagone à Washington. Trois ans plus tard, il visitait Las Vegas, en même temps que Ziad Jarrah, un autre kamikaze. Comme preuves, le FBI dit avoir trouvé les coordonnées de Raïssi dans une voiture de location appartenant à Salem El Hamzi, un énième terroriste du 11 septembre. De son côté, Scotland Yard évoque une photo où il apparait avec Hanjour. Après vérifications, il s'avère qu'il ne s'agit guère du kamikaze. En réalité, l'accusation est incapable de fournir les preuves tangibles de ses allégations. Aussitôt après avoir quitté la prison de Belmarch, le pilote engage une bataille contre le gouvernement britannique auquel il demande des excuses et une réparation. “C'est une question de principe”, clame-t-il en perspective de l'audience de vendredi. En février 2008, la Haute Cour l'exonérait totalement des charges retenues contre lui et appuyait sa demande pour des compensations. Cette institution avait également démontré que la police et le parquet ont produit de fausses preuves devant le tribunal. En agissant ainsi, ils ont ruiné la carrière du pilote qui n'a plus le droit d'exercer son métier. “On m'a mis sur liste noire, aujourd'hui malheureusement, tous les Algériens sont sur liste noire”, épilogue Lotfi Raïssi, faisant allusion aux mesures de contrôle renforcé que les autorités américaines et françaises ont imposées aux voyageurs algériens.