«Une telle décision serait un «contresens» par rapport à la vie du prix Nobel de littérature», a jugé le fils d'Albert Camus. Albert Camus pourrait bien rejoindre Voltaire, Rousseau, Jean Moulin, Pierre et Marie Curie ou encore Victor Hugo au Panthéon début 2010. Tel est le souhait de Nicolas Sarkozy. La décision devra être prise par décret du président de la République, sur proposition du Premier ministre et sur rapport du ministre de la Culture et de la Communication. Si elle s'avérait effective, ce serait le premier transfert décidé par Nicolas Sarkozy, après ceux de l'ancien président, Jacques Chirac, qui avait organisé l'entrée au Panthéon des écrivains André Malraux (1996) et Alexandre Dumas (2002). «La décision n'est pas encore prise, mais à l'occasion du 50e anniversaire du décès de l'écrivain ce serait un symbole extraordinaire de faire entrer Albert Camus au Panthéon», a expliqué le chef de l'Etat français. Le but de la «panthéonade», est de rendre hommage à une personnalité de nationalité française dont l'oeuvre et la vie ont marqué l'histoire. Cette tradition est aussi un moyen, pour le pouvoir en place, de mettre en valeur une période de l'histoire et d'y graver son empreinte, selon les officiels de l'Etat Français. Seulement voilà, entre le souhait et la réalisation du projet, tout un fossé les sépare. ça change tout. Et les calculs sont faussés. Jean Camus a fait son apparition en s'opposant au transfert des restes de son père au Panthéon, souhaité par Nicolas Sarkozy, écrit Le Monde sur son site Internet. «Une telle décision serait un "contresens" par rapport à la vie du prix Nobel de littérature», juge-t-il. Ainsi, selon le quotidien cité, Jean Camus craint une «récupération» de son père par le chef de l'Etat. Quant à sa soeur, Catherine Camus, elle ne s'est pas clairement prononcée pour ou contre le transfert de son père au Panthéon. «Je ne sais pas», a-t-elle déclaré samedi sur France Inter. «C'est quelqu'un qui a essayé de parler pour tous ceux qui n'avaient pas la parole, et de ce point de vue-là, c'est un beau symbole», a-t-elle ajouté. Mais son père, a-t-elle poursuivi, n'«aimait pas les grands honneurs. C'est pour ça que la question n'est pas simple.» Loin de faire l'unanimité, cette mesure partage même l'opinion publique française. Une chose est sûre, la situation actuelle porte à confusion sur le transfert au Panthéon décidé par Nicolas Sarkozy sur les avalanches de louanges qui auraient fait sourire le défunt. Mieux que personne, sans doute, cet homme détaché, aussi drôle qu'il était tourmenté, savait mesurer le dérisoire des éloges post-mortem, et parfois leur vanité. Toujours en suspens, la question n'est pas encore tranchée et le flou flotte encore sur le sujet. Pour ou contre, respecteront-ils les volontés du Prix Nobel de littérature en 1957, ou alors, aller dormir au Panthéon pour l'éternité...? Affaire à suivre.