«Aucune dose de vaccin contre la grippe porcine n'a été reçue à ce jour». Alors que cette année, le vaccin contre la grippe saisonnière n'a pas été disponible au niveau des pharmacies et des officines, l'Etat lui, ne semble pas en mesure d'assurer la couverture de toute la population ou, pour le moins, des personnes vulnérables notamment les enfants, les personnes âgées et les malades chroniques. La campagne de vaccination qui a débuté le 15 du mois en cours, et qui n'a duré que trois jours, semble avoir suscité plus de mécontentement et de confusion que les responsables du département de Saïd Barkat ne le laissent paraître. Le ratage de cette campagne risque d'être préjudiciable pour la santé de la population surtout qu'on est en pleine expansion des cas de grippe porcine. Devant le silence plutôt inquiétant du ministre de la Santé, Saïd Barkat, c'est le secrétaire général du même ministère, le Dr Abdesselam Chakou, qui rompt le silence pour rassurer les populations de plus en plus inquiétées par le développement des cas de grippe porcine. M.Chakou a déclaré, il y a quelques semaines que «tous les malades hospitalisés ou suivis en consultation spécialisée ou présentant un certificat médical attestant de l'une des maladies chroniques seront vaccinés gratuitement». Le même responsable a également indiqué que «des instructions ont été données à tous les directeurs de santé afin d'élargir et de multiplier les centres de vaccination en fonction des besoins à travers le territoire national». Pour M.Chakou, l'objectif du ministère de la Santé est de permettre aux citoyens de se faire vacciner le plus proche possible de leur lieu de résidence. Cependant, de nombreuses personnes entrant dans la catégorie de ces malades chroniques, approchées, ont avoué ne pas avoir été vaccinées contre la grippe saisonnière. Pis encore, même en voulant acquérir le vaccin, ce dernier reste introuvable dans les pharmacies. Il y a donc un sérieux problème entre les directives du ministère et les structures sanitaires locales. Joint hier par téléphone, le Pr Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche Forem, tout en avouant l'absence de statistiques, a trouvé «anormal que les vaccins contre la grippe saisonnière ne soient pas disponibles dans les pharmacies», ajoutant que la campagne de vaccination n'a débuté que très tard par rapport aux années précédentes. Abdelhak Mekki, directeur de l'exécutif à la Forem a, de son côté, soulevé un autre aspect. Selon lui, «le problème concerne la non-gratuité du vaccin alors même qu'on n'a pas commencé une campagne générale de vaccination», dont bénéficierait toute la population comme cela se fait dans beaucoup d'autres pays surtout dans le contexte de la grippe porcine. Concernant le vaccin contre le virus H1N1 de la grippe porcine, le Pr Khiati a annoncé, qu'à sa connaissance, «aucun quota n'a été reçu jusqu'à ce jour». Selon lui, cela est dû au risque de pandémie qui commence à s'estomper à l'échelle mondiale et ce, en raison de la non- mutation ou alors d'une «mutation isolée du virus H1N1». Pour M.Mekki, «il existe des hésitations de la part de spécialistes du monde entier en raison de la présence d'une forte dose de mercure dans ce vaccin, sachant que le mercure est mortel pour l'homme». A ce sujet, il a expliqué que ces hésitations sont imputées au fait que les responsables de la santé ne bénéficient pas d'une marge suffisante pour «soumettre le vaccin en question à l'expérience humaine», et qu'en parallèle, «si nous ne faisons rien, alors que la nécessité d'agir illico facto se fait sentir, il y aura encore plus de morts, ce qui explique les hésitations entre le risque du virus et celui de la mort que provoque le mercure». Cela dit, et en l'absence d'une communication officielle à même de mettre fin à la confusion qui entoure la question des vaccins saisonniers et ceux contre la grippe porcine, la population reste livrée à elle-même. Des témoignages fiables ont rapporté que les personnes âgées, dans beaucoup de régions du pays, font le pied de grue au niveau des secteurs sanitaires, pendant de longues heures dans l'espoir d'être vaccinées. En fin de compte, c'est la déception et l'amertume.