Après avoir cédé 4,81 dollars vendredi à New York en début d'échanges, suite aux difficultés financières de l'émirat de Dubai, le baril de «Light Sweet Crude» a clôturé la semaine à 76,05. Mercredi 25 novembre, le conglomérat Dubai World et sa filiale immobilière Nakheel annoncent le rééchelonnement de leur dette. Estimée à 59 milliards de dollars, elle constitue à elle seule plus de 60% de celle de l'ensemble du pays qui avoisine les 90 milliards de dollars. L'émirat est en quasi-faillite! La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Colonne vertébrale de l'économie dubaïote à la réussite insolente, ce holding qui brasse autant dans les secteurs des transports, que celui de l'immobilier ou des activités portuaires dans son propre pays qu'à l'étranger, en particulier au Maghreb, a prospéré grâce à un endettement excessif financé par les banques internationales et surtout par son voisin d'Abou Dhabi. Sa filiale Nakheel, initiatrice du projet de construction pharaonique des îles artificielles, en forme de palmiers, dont la promotion a fait le tour du monde, se montre incapable de s'acquitter d'une obligation d'un montant de 3,5 milliards de dollars dont l'échéance est fixée au 14 décembre 2009. Les principales places financières de la planète accusent le coup. Elles ne s'écroulent pas. Mais elles sont suffisamment ébranlées. Hormis Wall Street, fermée jeudi. Les Américains célébraient Thanksgiving. Une tradition qui consiste à rendre grâce à Dieu pour l'abondance des récoltes dont il leur a fait don. L'événement remonte à plus de quatre siècles. En 1621, des pèlerins anglais le fêtèrent avec la tribu indienne des Wampanoag pour remercier le Créateur de ses bienfaits. En 1863, Abraham Lincoln proclama cette journée fête nationale. Elle a lieu chaque année, le dernier jeudi de novembre. A cette occasion, la Bourse américaine allait donc connaître un répit de vingt-quatre heures, tandis que les grands argentiers de la planète sont sur le qui-vive, redoutant la faillite de l'émirat de Dubai qui pourrait redonner de la vigueur à une crise financière internationale que l'on donnait pourtant pour finissante. A Paris, la Bourse accuse une baisse de 3,41%, Londres chute de 3,16%, Francfort flanche de 3,25% et à Milan elle plonge de 3,60%. Quant aux Bourses asiatiques, elles continuaient, vendredi, de clôturer en baisse. Tokyo de plus de 3%, Séoul a dégringolé de 4,69% et Hong Kong de 3,45%. Le gouvernement doubaïote tente de rassurer. Surseoir à l'acquittement de la Dubai World est devenu primordial pour «faire face au fardeau», souligne un communiqué d'un haut responsable du gouvernement. «Nos infrastructures hautement développées, notre réseau de transport et de communication et notre centre financier régional assurent à Dubaï de rester une place attractive», tente de rassurer ce dernier. Le message a été reçu autrement par les marchés pétroliers, notamment sur celui de New York. Dès l'ouverture des échanges, vendredi, le baril cède pas moins de 4,81 dollars à 73,15 dollars retrouvant son niveau du mois de juin 2009. La requête de Dubai World pour retarder le paiement de sa dette a fait poindre le spectre d'une faillite de l'émirat dont l'économie repose principalement sur les activités de ce holding. L'émirat a demandé un moratoire de 6 mois pour rembourser les 59 milliards de dollars cumulés par Dubai World, une de ses principales entreprises publiques. New York n'y a pas été sensible. Elle a tremblé. Elle doute. «L'incertitude monte au sujet de Dubaï, on se demande si son cas est isolé ou s'il s'agit du premier domino à tomber, dans ce qui pourrait signifier la contagion de la crise financière aux marchés émergents. Les prix du pétrole pourraient être à la merci d'un retour du pessimisme financier tant que la situation de Dubaï ne s'éclaircira pas», ont estimé les analystes de Barclays Capital. Dans la foulée de ce cataclysme financier, six des groupes les plus en vue de Dubaï ont été déclassés par les agences de notation Moody's et Standard & Poor's, dont le géant de l'immobilier Emaar Properties, DP World filiale de Dubai World...«Bien que Nakheel ne soit pas noté par Moody's, cela constitue un précédent important pour une société de premier plan faisant face à des difficultés de paiement de ses dettes et s'appuyant sur le gouvernement pour la soutenir», a fait remarquer l'Agence. Le risque de réactiver la crise financière internationale est réel. Parmi les créanciers de Dubai World figurent les banques britanniques Barclays, Lloyds, Royal Bank of Scotland, mais aussi le Crédit Suisse et BNP Paribas. Le marché pétrolier demeure très sensible aux aléas du système financier. «Le pétrole est l'un des principaux actifs risqués, et il a été l'un des premiers à être vendu sur les craintes que le système financier puisse avoir des problèmes», a soutenu Ellis Eckland, analyste indépendant.