C'est du moins les conditions posées par le Premier ministre britannique avant la prochaine conférence internationale sur l'Afghanistan. Le président afghan Hamid Karzaï devra accepter que «la communauté internationale» lui «fixe des objectifs» lors de la prochaine conférence internationale sur l'Afghanistan le 28 janvier à Londres, a déclaré samedi soir le Premier ministre britannique Gordon Brown. «Nous avons besoin d'une pression politique qui aille de pair avec la pression militaire sur laquelle nous sommes désormais d'accord», a déclaré M.Brown, en confirmant la tenue de cette conférence dans la capitale britannique, annoncée jeudi par la chancelière allemande Angela Merkel. «Et cela signifie que le président Karzaï doit accepter la définition de jalons sur lesquels il sera jugé et qu'il doit accepter que la communauté internationale fixe des objectifs», a ajouté M.Brown, interrogé par des journalistes, en marge d'un sommet du Commonwealth à Port-of-Spain. Cette conférence, initiée par Paris, Berlin et Londres avec le soutien des Etats-Unis, est destinée à faire évoluer les relations entre le futur gouvernement afghan issu des élections et la communauté internationale. Les trois capitales européennes estiment que Kaboul devrait assumer davantage de responsabilités dans la stabilisation et le développement du pays. Le rendez-vous londonien réunira M.Karzaï, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les principaux contributeurs de la coalition internationale combattant en Afghanistan, ainsi que les voisins de Kaboul, mais pas les taliban, a précisé M.Brown. M.Ban, présent aux côtés du Premier ministre britannique, a salué une «initiative qui arrive au bon moment pour permettre un dialogue à un haut niveau». Ces discussions représentent une chance «pour la communauté internationale et le gouvernement afghan de discuter du transfert de la sécurité, de la gouvernance et du développement économique», a déclaré Mike Hammer, porte-parole du Conseil national de sécurité des Etats-Unis. Le président américain Barack Obama doit annoncer demain la nouvelle stratégie de Washington en Afghanistan, avec l'envoi probable de 34.000 hommes supplémentaires. Plusieurs des alliés européens des Etats-Unis, notamment l'Allemagne, veulent cependant attendre l'issue de la conférence de Londres pour s'engager ou pas à fournir des renforts, a indiqué mercredi un porte-parole de l'Otan. Au moins 483 soldats étrangers, dont la moitié d'Américains et 98 Britanniques, ont péri depuis janvier en Afghanistan, selon le site Internet icasualties.org, faisant de cette année l'une des plus sanglantes pour la coalition internationale depuis l'invasion du pays fin 2001. M.Brown souhaite que la future stratégie militaire et politique en Afghanistan comporte un calendrier précis, afin de confier progressivement la responsabilité des tâches de sécurité aux forces afghanes pour permettre le retrait des troupes britanniques, a précisé un porte-parole de Downing Street. Le Premier ministre a toutefois précisé que le départ des 25.000 soldats britanniques ne surviendrait qu'une fois que l'armée et la police afghane auront montré qu'elles ont la capacité de maintenir l'ordre. «Notre idée est de renforcer l'armée afghane d'environ 50.000 hommes l'année prochaine», a rappelé M.Brown. L'armée afghane compte aujourd'hui 100.000 hommes, selon le porte-parole du ministère afghan de la Défense, Zahir Azimi.