A 72 heures de cette rencontre entre le gouvernement, l'Ugta et le patronat, le CLA, le Satef et la Cnec ont décidé de maintenir la pression tandis que le pouvoir d'achat est miné par la hausse exagérée des produits de consommation. Les chiffres livrés par l'Office national des statistiques sont tombés comme des cheveux sur la soupe. Un peu comme pour s'inviter aux négociations qui se tiendront entre les trois incontournables partenaires qui forment la tripartite. Le taux de l'inflation a atteint 5,7% à la fin du mois d'octobre 2009. Soit 1 point et demi de plus par rapport à la performance enregistrée les dix premiers mois de l'année 2008. La flambée des prix qu'ont connue les marchés des fruits et légumes et des viandes et qui perdure depuis le début du mois sacré du Ramadhan, n'a pas été sans conséquence sur cette contre-performance d'ordre macroéconomique. Selon l'ONS, les prix des produits agricoles frais ont progressé de 21,01% alors que ceux qui concernent les produits alimentaires ont connu une hausse estimée à 8%. On peut penser d'ores et déjà que l'augmentation, qui sera décidée dans le cadre de la tripartite qui réunira le gouvernement, l'Union générale des travailleurs, son unique interlocuteur en tant que partenaire social, et le patronat le 3 décembre, sera insuffisante pour combler l'érosion fulgurante du pouvoir d'achat. Le Snmg, qui a subi lors de ses deux dernières augmentations, des hausses de 2000 dinars, ne sera relevé vraisemblablement que de 3000 dinars pour être fixé à 15.000 dinars. Si cette prévision se confirme, intrinsèquement, le salaire minimum aura connu une augmentation globale de 7000 dinars depuis que Abdelaziz Bouteflika a été porté à la magistrature suprême en avril 1999. Soit une augmentation de plus de 100% en l'espace de dix ans. Cet effort remarquable et louable de la part des pouvoirs publics s'est trouvé perturbé et miné par l'augmentation excessive des produits de consommation de base (huile, pâtes, sucre...) mais aussi des fruits et légumes et des viandes de toutes sortes (rouges, blanches et poissons). Une flambée des prix due principalement à une redoutable spéculation forcenée que les services concernés, ceux chargés du contrôle des prix et de la régulation des marchés, n'ont pas réussi à juguler. Sidi Saïd avec la délégation qu'il aura à conduire, ne manquera pas de grain à moudre face à ses interlocuteurs, s'il manifestait l'intention de tenir un argumentaire aussi audacieux qu'agressif. Une stratégie qu'il semble avoir abandonnée. Un espace laissé libre aux syndicats autonomes qui ne se sont pas fait prier pour l'investir. En effet, la grève largement suivie par les travailleurs du secteur de l'éducation a réussi à paralyser la majorité des établissements scolaires de l'ensemble du territoire national. Du coup, le terrain devenait plus que miné pour la tenue de la tripartite qui donnait plutôt l'impression de vouloir prendre du plomb dans l'aile. Comment donner, en effet, l'image d'une rencontre sereine lorsque le chaudron qui bout risque de déborder à tout moment? Benbouzid l'a sans doute compris, après un bras de fer qui a duré tout de même trois semaines, et a jeté du lest. Il a cédé à l'une des revendications essentielles des grévistes: la rétroactivité du régime indemnitaire depuis janvier 2008. Une victoire à laquelle ne sera pas associée l'Ugta et qui n'a étonnamment pas encore fait l'unanimité au sein des syndicats autonomes. A quelque soixante-douze heures de la rencontre entre le gouvernement, l'Union générale des travailleurs et le patronat, le CLA, le Satef et la Cnec ont décidé de maintenir la pression. Un trio auquel le Snps, le Syndicat national des praticiens de la santé publique, qui vient d'entrer en grève depuis hier, apportera de la vigueur. Le timing semble avoir été minutieusement choisi par les initiateurs de ces mouvements sociaux, qui espèrent que la tripartite sera à l'écoute de leurs revendications.