Les professionnels ont relevé «l'urgence d'une politique africaine pour promouvoir le livre et en faire un moyen d'intégration des peuples africains», dressant ainsi un constat de la situation, «qui reste au-delà des attentes», a-t-on estimé. La 9e Foire internationale du livre de Ouagadougou (Filo) qui s'est ouverte, jeudi dernier dans la capitale du Burkina Faso, se poursuit à la grande joie des jeunes et étudiants qui ont trouvé dans cet espace une occasion d'acquérir des titres introuvables sur le marché local et parfois à des prix raisonnables. Cet état de fait est illustré par le stand de l'Algérie, représenté par l'Entreprise nationale des arts graphiques (Enag). Ce rendez-vous international, placé sous le thème «La littérature africaine au XXIe siècle», se veut un espace de rencontres de tous les acteurs du monde de la culture dans cette région de l'Afrique. Afin d'animer les journées du Salon, les organisateurs proposent des rencontres et des tables rondes qui se dérouleront en marge de cette 9e Foire internationale du livre de Ouagadougou (Filo), qui seront présentées par des écrivains, des intellectuels et des critiques littéraires. Parmi les rencontres les plus attendues, figure la table ronde qui a eu lieu samedi dernier sur «La politique du livre en Afrique». A cet effet, les professionnels du secteur du livre et de l'édition, venant d'Algérie, du Burkina Faso, du Sénégal et du Bénin, ont relevé «l'urgence d'une politique africaine pour promouvoir le livre et en faire un moyen d'intégration des peuples africains», dressant, ainsi, un constat de la situation du livre en Afrique, «qui reste au-delà des attentes», a-t-on estimé. Les représentants du ministère algérien de la Culture, de leur côté, ont présenté à l'assistance les principaux axes de la politique algérienne dans le domaine du livre et de la culture d'une manière générale. Quant à M.Hadj Nacer, directeur du livre au ministère, il a énuméré devant les auteurs, éditeurs et libraires africains, les principales actions menées par l'Algérie pour promouvoir le livre et le rendre accessible à travers les 1541 communes du pays. Il évoquera dans ce contexte, la promulgation récente de textes de loi relatifs au Centre national du livre et prochainement en 2010, de la loi portant sur la création littéraire, qui ne manqueront pas d'insuffler une nouvelle dynamique au secteur de la créativité littéraire en Algérie. Diverses questions ont, au cours du débat, été posées par les professionnels comme le paysage linguistique et le coût du livre. Des éditeurs algériens ont mis l'accent sur «l'importance des rencontres directes pour asseoir un partenariat mutuellement avantageux pour toutes les parties». En outre, la promotion de la coopération entre les pays africains dans ce domaine a été plaidée par les participants. A l'instar du représentant du Burkina Faso, qui a évoqué «la possibilité de mettre en oeuvre une politique de coédition entre les pays africains qui sont confrontés à des problèmes similaires». Toujours dans le même contexte, le vice-président de l'Association des écrivains sénégalais, Marouba Fall a souligné, «l'importance de l'implication des auteurs et écrivains dans l'oeuvre d'intégration des pays africains et a appelé à chercher les raisons de la défection du lectorat africain». De son côté, M.Fall a déploré l'absence totale de circulation d'ouvrages africains dans les pays africains, «ce qui empêche les Africains de se connaître», a-t-il dit. Il s'est élevé également contre les «contenus des manuels scolaires qui sont toujours accaparés par des programmes inspirés de la littérature colonialiste». Pour sa part, Nadié Abel du Burkina Faso, a indiqué que «la faible production livresque dans son pays était due au désengagement de l'Etat de ce secteur au profit de la sphère économique, tout comme les ONG qui misent beaucoup plus sur les projets à caractère urgent au détriment du développement durable, a savoir la promotion de la culture et du savoir». Il a également déploré la mise en veilleuse depuis 2004 du projet de loi sur la création littéraire et la promotion du livre dans le pays. Pour cette année, la 9e Foire internationale du livre de Ouagadougou, se déroule avec quelques innovations dont, l'intégration de la presse écrite, considérée comme partie intégrante de la littérature et les bandes dessinées pour mettre en exergue la créativité des enfants. Cette journée de samedi a également été marquée par la mise sur pied de plusieurs activités dont un concours de lecture et de déclamation de poèmes et un autre de dessin avec la participation des membres de la délégation algérienne.