«La littérature sera le ferment, le levain des changements et de la réhabilitation», a souligné T. Menenembo. La littérature africaine doit, pour faire face aux adeptes de la mondialisation de la culture, défendre l'identité du continent, ont souligné des écrivains et auteurs africains réunis à Ouagadougou (Burkina Faso). La littérature africaine est en effet sous les feux des projecteurs cette semaine à Ouagadougou qui a pu rassembler à l'occasion de la 9e Foire internationale du livre de Ouagadougou (Filo), une pléiade d'hommes de lettres africains de renom. Des écrivains algériens, à l'instar de Zoubida Mameria et Samira Negrouche, burkinabé, sénégalais, béninois et ivoiriens notamment et aussi de la diaspora comme Tierno Menenembo, parrain de cette édition de la Filo, ont longuement débattu des questions de la littérature africaine, passée et présente, ainsi que des perspectives de son évolution à la lumière de la mondialisation. Dans une conférence consacrée à la littérature africaine, le Pr Salaka Sanou (Burkina Faso) a estimé que la littérature dans les pays africains est en construction, précisant que sur le plan de la rétrospective, elle a connu trois grands courants: la littérature négro-africaine, la littérature africaine et les littératures africaines. La littérature négro-africaine s'est développée sous la colonisation pour revendiquer «l'identité africaine». La seconde survient après l'Indépendance où les écrivains ont chanté la liberté retrouvée, mais les désespoirs se sont vite installés que les hommes de lettres se sont chargés de traduire dans leurs écrits. «C'est ainsi que les littératures africaines prennent le relais», a-t-il relevé. «La littérature africaine englobe aussi celle de la diaspora», a-t-il ajouté, indiquant que les structures en charge de favoriser l'émergence de la littérature changent d'un pays à l'autre. Pour le conférencier, les défis pour cette littérature se posent plus en termes de critique littéraire qui doit la conduire à prendre en compte les réalités africaines. L'écrivain africain de la diaspora, porteur de valeurs africaines, «doit aussi défendre cette culture à l'étranger et mener ce combat de front», a ajouté l'orateur. Les questions de la littérature débordent inévitablement sur le monde de l'édition et son corollaire le livre. Ainsi, le parrain de cette édition, T.Menenembo a souligné l'existence «d'un lien entre la littérature, le livre et l'éveil des peuples, leur émancipation, leur ouverture sur le monde». «La littérature sera le ferment, le levain des changements et de la réhabilitation», a-t-il ajouté en se référant au Pr Joseph Ki-Zerbo, qui a dit qu'«il n y a pas de salut de l'Afrique en dehors de la connaissance». La littérature maghrébine d'expression française n'a pas été en reste, puisqu'elle a fait l'objet d'une rencontre ayant réuni de nombreux auteurs algériens et africains. Dans une intervention, Mme Z.Mameria a relevé que la littérature maghrébine «est basée sur les réalités vécues par les populations et les sujets abordés sont les problèmes de l'identité et les tares de la société postcoloniale». Au Maghreb, à coté de cette littérature d'expression française, cohabite celle d'expression arabe, ce qui «constitue un symbole de la diversité linguistique et culturelle», a-t-elle ajouté. Des intervenants se sont accordés à souligner la similitude de la littérature chez l'ensemble des auteurs du continent (Maghreb et Afrique subsaharienne). Les thématiques abordées étant les mêmes, car les Africains ont les mêmes réalités. Pour conforter cette réalité, Ségou, un auteur burkinabé a relevé «le destin un peu algérien de la littérature burkinabé» en évoquant un auteur franco-algérien, Robert Arnaud qui a séjourné au Burkina Faso dans les années vingt et qui a obtenu la première distinction dans la région. De nombreux écrivains et auteurs africains ont, à cette occasion, présenté et dédicacé leurs oeuvres au public local, avide de manifestations culturelles.