«Je n'ai jamais pensé que le gouvernement espagnol ferait une faveur si sale au Maroc», a déclaré la militante sahraouie des droits humains dans une interview accordée au quotidien madrilène El Mundo. La diplomatie espagnole est prise à la gorge. La pasionaria sahraouie, qui a entamé sa troisième semaine de grève de la faim après avoir été arrêtée le 13 novembre 2009 à El Ayoune par les autorités marocaines puis expulsée manu militari vers l'île de Lanzarote dans l'archipel des Canaries, a refusé toutes les propositions du gouvernement Zapatero. Le ministre espagnol des Affaires étrangères lui a offert l'asile politique et il a même été question de lui délivrer un passeport. Ses papiers d'identité lui ont été confisqués lors de sa procédure d'expulsion par les services marocains. Une proposition qu'elle a rejetée par la voix de son avocate. «Elle deviendrait ainsi étrangère dans sa propre maison», a fait remarquer son défenseur, Inès Miranda. Aminatou Haïdar s'est montrée très remontée vis-à-vis du gouvernement espagnol qu'elle accuse d'avoir fait le jeu de Rabat. «Il n'est pas étonnant que le Maroc viole les droits de l'homme mais que le gouvernement espagnol, un pays démocratique, viole de manière si claire et avec la complicité, le droit, les pactes et les conventions internationaux, je n'ai jamais pensé à ça. Je n'ai pas confiance dans le gouvernement espagnol», a-t-elle souligné. La militante des droits de l'homme sahraouie n'a pas mâché ses mots. Elle a qualifié la démarche de la diplomatie espagnole de basse besogne qui ne visait qu'à conspirer contre elle pour rendre effective sa «déportation» de sa patrie, vers l'Espagne. Vraisemblablement mise en confiance, Aminatou Haïdar se sent flouée. Trahie! «Je n'ai jamais pensé que le gouvernement espagnol ferait une faveur si sale au Maroc», a déclaré la militante sahraouie des droits humains, dans une interview accordée au quotidien madrilène El Mundo. Elle a la dent dure envers le gouvernement de Luis Zapatero dont la position à propos de la question du Sahara occidental est jugée «pire que celle du gouvernement Aznar», son prédécesseur. Questionnée au sujet d'un éventuel arrêt de la grève de la faim qu'elle a entamée depuis plus de quinze jours, Aminatou Haïdar a affiché sa détermination de poursuivre son action jusqu'à la satisfaction de sa revendication. «Ou le gouvernement espagnol recherche une solution pour me ramener à mon pays, le Sahara occidental, ou je continuerais jusqu'à la mort», a tenu à préciser celle qui incarne le symbole de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance. Mère de deux enfants, elle se dit prête à mourir et à se sacrifier pour sa dignité. «Entre mes enfants et ma dignité, je préfère ma dignité. Ils vivront sans leur mère mais dans la dignité», a-t-elle ajouté dans une déclaration pathétique qui prend la forme d'un serment qui la lie profondément à sa conviction de voir un jour sa patrie se libérer des chaînes du joug colonial dont l'Espagne porte une responsabilité historique. L'état de santé déjà assez fragile de la pasionaria sahraouie semble se détériorer de jour en jour. Paulino Rivero, le président canarien, a attiré l'attention de José Luis Zapatero, chef du gouvernement espagnol à ce sujet. «Son état de santé requiert une solution en quelques heures», a-t-il prévenu tout en mettant l'accent sur l'urgence de «rechercher un moyen de sortir d'une situation qui met en jeu la vie d'une personne». La communauté internationale a manifesté des signes d'inquiétude. Les Etats-Unis se sont montrés préoccupés par l'état de santé de la militante sahraouie des droits de l'homme. Washington «demeure inquiet pour la santé et le bien-être de la militante sahraouie Aminatou Haïdar, lauréate du prix Robert F. Kennedy pour les droits de l'homme 2008 et du prix du courage civil de la Fondation Train. Nous demandons instamment la détermination rapide de son statut légal et le plein respect du processus des droits de l'homme», a indiqué, jeudi dernier, un communiqué du département américain aux Affaires étrangères. Le Conseil des ministres du gouvernement sahraoui, qui s'est réuni dimanche, a lancé «un appel urgent» aux instances internationales pour faire pression sur les autorités de Rabat afin que cesse «la campagne arbitraire» que subit le peuple sahraoui, comme il a exprimé sa «profonde préoccupation» quant à la dégradation de l'état de santé d'Aminatou Haïdar.