C'est ce qu'a tenu à mettre en exergue et à dénoncer Aminatou Haïdar dans un entretien accordé à l'agence de presse espagnole ACN. La militante sahraouie des droits de l'homme, qui est en Espagne depuis mardi pour un bilan de santé, après 32 jours de grève de la faim qui l'ont considérablement affaiblie, ne s'est pas apitoyée sur son sort. «Je ne suis qu'une personne, au Sahara occidental, il y a tout un peuple qui souffre», a souligné la pasionaria sahraouie dans l'interview publiée mercredi par le média espagnol. Les déclarations d'Aminatou Haïdar sonnent comme autant de témoignages vivants dont sont privées de nombreuses voix bâillonnées des territoires du Sahara occidental sous occupation marocaine. En effet, l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW), dont le siège se trouve à New York, vient d'épingler le gouvernement marocain au sujet de la politique répressive qu'il exerce à l'encontre des militants des droits de l'homme. L'ONG internationale a signalé dans son rapport de janvier 2010, publié sur son site, une détérioration globale de la situation des droits humains au Maroc en 2009. Ces limitations de l'exercice de la liberté d'expression sont spécifiquement éprouvées dans les territoires occupés du Sahara occidental. «Les restrictions sont particulièrement strictes dans la région contestée du Sahara occidental, sur laquelle le Maroc revendique la souveraineté et qu'il administre comme si elle faisait partie de son territoire national», fait remarquer le rapport de Human Rights Watch qui met en exergue le fait accompli exercé par les autorités marocaines concernant la question du Sahara occidental. Conséquences: «De nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l'autodétermination pour le Sahara occidental. Les restrictions pour raisons politiques du droit de voyager se sont multipliées», ont ajouté les rédacteurs du rapport de HRW. Aminatou Haïdar, qui en est un exemple vivant, ne veut pas non plus apparaître comme une exception. Elle attire l'attention des instances internationales sur les nombreux cas, peu ou pas du tout médiatisés, de ses compatriotes jetés en prison sans aucune forme de procès. Mis à part celui de refuser de reconnaître la marocanité des territoires du Sahara occidental et de revendiquer leur indépendance. Un crime de lèse-majesté que la plupart d'entre eux risquent de très cher payer. «La répression et la violence se poursuivent, le gouvernement marocain a retiré leurs documents à une douzaine de militants pour les empêcher de quitter le territoire. Une cinquantaine de prisonniers dans les prisons, dont le groupe des sept, sont maltraités et détenus dans des conditions très difficiles dans la prison de Salé. Ils sont menacés de la peine de mort», a confié à l'Agence de presse canarienne, ACN, la militante des droits de l'homme sahraouie. Pour rappel, 7 militants des droits de l'homme sahraouis, de retour d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf, ont été arrêtés le 8 octobre 2009 sur le tarmac de l'aéroport Mohammed V de Casablanca. A ce titre uniquement, ils ont été accusés de mener des actions subversives. Incarcérés à la prison de Salé, ils auraient été isolés dans une cellule de torture, selon les dernières informations répercutées par l'Agence de presse sahraouie SPS. Il leur est notamment reproché de militer ardemment en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ainsi qu'à son indépendance. «Cette bataille a clairement démontré que le Maroc réprime les voix libres qui favorisent l'indépendance...», a expliqué et déploré la pasionaria sahraouie dont les trente-deux jours de grève de la faim, s'ils l'ont affectée physiquement, n'ont vraisemblablement entamé en rien sa farouche détermination à porter loin, et aussi longtemps qu'il sera nécessaire, la voix opprimée de son peuple.