Sur la question des minarets, l'ambassadeur assure que la France n'est pas sur la même ligne que la Suisse, preuve en est, la construction de la mosquée de Marseille. Après la venue de la délégation du Medef, l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, investit à son tour le terrain. En vue de prospecter des opportunités de partenariat, M.Driencourt s'est rendu hier, dans la wilaya de Djelfa pour une visite de trois jours. «Les entreprises françaises ne cherchent qu'à venir en Algérie pour investir», a affirmé l'ambassadeur de France lors d'une conférence de presse qu'il a organisée hier au siège de la wilaya de Djelfa. Selon lui, le Medef a exprimé encore une fois son intention d'investir davantage en Algérie. «Beaucoup d'opérateurs sont à la recherche de partenaires», a-t-il indiqué en précisant que c'est le but visé à travers son déplacement à Djelfa. L'ambassadeur de France refuse de parler de frilosité des opérateurs français à investir le marché algérien. «Non, il n'y pas de réticence!», a-t-il martelé en rappelant que la France est le premier créateur d'emplois hors hydrocarbures. «Nous avons créé 35.000 emplois directs en Algérie», a-t-il cité. S'expliquant sur la baisse des exportations de la France, le conférencier soutient que cette baisse est due au fait que les entreprises françaises commencent à produire ici en Algérie. «Si les entreprises n'exportent pas beaucoup, réitère-t-il, c'est parce qu'elles ont des unités de production en Algérie». Il a cité au passage l'entreprise Michelin qui est devenue un important exportateur. Comparativement aux entreprises chinoises, il a estimé que celles-ci «sont beaucoup plus dans le commerce et la construction des infrastructures». La France, quant à elle, cible beaucoup plus les partenariats solides et à long terme, ce qui nécessite beaucoup de temps. Interrogé sur les nouveaux projets en perspective après la visite du Medef, l'ambassadeur n'a pas voulu se prononcer. «Il y a beaucoup de projets qui sont en discussion», a-t-il assuré en affirmant que l'investissement de 5 milliards de dollars peut se concrétiser. «Nous avons un stock d'investissement de 1,5 milliard de dollars», a-t-il avancé Avant d'ajouter «Nous ne demandons que le partenariat». Où se pose le problème alors? M.Driencourt a mis l'accent sur le problème des visas, que rencontrent les hommes d'affaires français pour se rendre en Algérie. «Il faut qu'il y ait des facilitations dans les procédures pour permettre aux opérateurs de se déplacer régulièrement», a-t-il demandé en soulignant qu'il est plus facile de se rendre au Maroc. Le représentant diplomatique de la France reste optimiste quant au développement des partenariats. Pour lui, les nouvelles dispositions de la loi de finances ne posent plus problème. «J'ai bien dit aux opérateurs que j'ai rencontrés à Paris et à Marseille qu'il ne faut pas baisser les bras, et tenir le coup car le marché algérien est stratégique», a-t-il reconnu en résumant que «le verre est à moitié plein». Par ailleurs, interrogé sur la question des minarets en Suisse, l'ambassadeur a précisé que la France n'est pas sur la même ligne que la Suisse. «Nous ne sommes pas du tout concernés», a-t-il assuré. Pour preuve, dit-il, le maire de Marseille a délivré la semaine dernière le permis de construction de la plus grande mosquée à Marseille. Sur la question de l'UPM, notre interlocuteur estime qu'il faut être pragmatique et mettre de côté les questions qui fâchent comme celle du Proche-Orient car il y a d'autres instances qui sont chargées de les traiter. «Il faut que les pays membres désignent un secrétaire de l'UPM et relancent le processus», a insisté M.Driencourt. Selon lui, des discussions permanentes sont en cours avec les autorités algériennes. Enfin et à propos des moines de Tibhirine, le conférencier ne s'est pas attardé sur cette autre «affaire» qui empoisonne les relations entre les deux pays. Il s'est fié aux propos du président français qui a pris comme référence le communiqué du GIA dans lequel il a revendiqué l'assassinat des moines. Selon lui, les dossiers classés secret-défense sont maintenant accessibles au juge. Concernant la situation au Sahel, l'ambassadeur a reconnu que la France est sérieusement préoccupée. «Depuis l'attentat qui a ciblé l'ambassade de France, nous travaillons en collaboration avec la Mauritanie pour la lutte contre le terrorisme»,a-t-il révélé. Enfin, pour conclure, l'ambassadeur a annoncé la visite du maire de Marseille la semaine prochaine à Alger.