Le général McChrystal a assuré que le «développement des capacités de l'armée et de la police afghanes» serait au «coeur» de la campagne en Afghanistan pendant «les mois à venir». La nouvelle stratégie de l'armée américaine en Afghanistan ne sera efficace que si les forces afghanes sont préparées à prendre en main la sécurité du pays, préviennent des observateurs. Le recrutement, l'équipement et l'entraînement de dizaines de milliers de soldats et policiers supplémentaires, capables de lutter efficacement contre l'insurrection des taliban, risque en effet de prendre bien plus que les 18 mois prévus par le président américain pour un début de retrait de ses soldats. Le général Stanley McChrystal, qui commande les soldats américains et de l'Otan en Afghanistan et avait demandé des dizaines de milliers de soldats supplémentaires pour ne pas perdre le guerre, a estimé qu'il disposait désormais des «ressources pour accomplir» sa mission. Il a aussi assuré que le «développement des capacités de l'armée et de la police afghanes» serait au «coeur» de la campagne en Afghanistan pendant «les mois à venir». Le général McChrystal, qui va commander plus de 140.000 soldats étrangers - dont 100.000 Américains - quand l'ensemble des renforts sera arrivé en Afghanistan, s'est engagé à passer le relais aux forces de sécurité afghanes «aussi rapidement que le permettent les conditions» sur place. Le président Hamid Karzaï avait d'ailleurs promis que les forces afghanes seraient en mesure de prendre en charge la sécurité du pays d'ici cinq ans, lors de son discours d'investiture pour un nouveau mandat, le 19 novembre. «Il n'y a pas d'autre solution pour mettre fin au conflit en Afghanistan que de construire de solides forces de sécurité en Afghanistan», estime Haroun Mir, responsable d'un centre de recherche politique dans le pays. «Mais cela va demander de nombreux sacrifices, tant financiers qu'humains. Et le délai de cinq ans est trop optimiste: il va falloir une décennie d'investissement soutenu pour créer une force capable de stabiliser le pays», a-t-il ajouté. L'armée afghane se compose de quelque 94.000 hommes, selon le ministère de la Défense, qui prévoit de passer à 136.000 soldats d'ici un an. Un vrai défi, alors que le pays manque de jeunes sachant lire et écrire et de cadres. Sans parler du problème des désertions: selon le général allemand Egon Ramms, membre de l'état-major de la force de l'Otan en Afghanistan, 10.000 soldats afghans ont disparu dans la nature...tandis que 15% des soldats restants ont un problème avec la drogue. Quant à la police, qui compte quelque 68.000 hommes, avec un objectif de 97.000 d'ici octobre 2010, elle est largement perçue comme corrompue et inefficace par les Afghans eux-mêmes, et elle subit les plus lourdes pertes face aux insurgés. Les autorités afghanes ont annoncé la semaine dernière une augmentation de 35% à 65% du salaire des soldats et policiers, suivant les provinces où ils sont déployés, pour faciliter le recrutement et lutter contre la corruption. Une augmentation financée par les Etats-Unis.