Sur 64 millions de doses de vaccin contre la grippe porcine commandés, l'Algérie n'en recevra que 20 millions. Seize millions d'Algériens n'auront pas la chance d'être vaccinés contre la grippe porcine. Le ministère de la Santé n'a décidé d'importer que 20 millions de doses. Le premier quota de 900.000 doses sera réceptionné demain. C'est ce qu'a annoncé le docteur Cherchali, responsable au poste de commandement opérationnel au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, joint hier par téléphone. Avec 20 millions de doses, il y aura 16 millions de personnes qui seront exclues de la campagne de vaccination. Le docteur Cherchali justifie cet écart par «la tension qui règne au niveau des fournisseurs», et d'ajouter: «En fait, ces 20 millions de doses représentent un quota qui nous a été imposé, l'Algérie ayant fait en premier lieu une commande de 64 millions de doses du vaccin qui a été amputée de moitié dans un premier temps pour arriver enfin à 20 millions». Concernant un probable risque encouru par les personnes non vaccinées, il a assuré que celles qui ne seront pas vaccinées «seront celles qui sont les moins vulnérables. Cela a été décidé en prenant compte des enquêtes qui ont été réalisées dans les pays développés pour désigner la frange sociale la moins exposée au risque de contamination», soit les personnes ayant un système immunitaire renforcé. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), «si, dans ce genre d'épidémie, 30% de la population sont vaccinés, on coupera court la chaîne de transmission du virus», a dit le Dr Cherchali. Selon lui: «Le temps de mettre en place les modalités organisationnelles au niveau de toutes les wilayas et la campagne de vaccination commencera. Je précise que ces modalités ne prendront pas plus de 72 heures». Pour ce qui est des personnes qui bénéficieront en premier lieu de la vaccination, il a ajouté que «le personnel médical, les corps constitués et les hauts cadres de l'Etat tels que les ministres seront les premiers vaccinés». D'autres quotas seront reçus selon un planning mis en place par le ministère de la Santé, en raison d'une réception par mois et ce, jusqu'au mois de mai. Ainsi, le deuxième quota comprenant 1.000.000 de doses arrivera en Algérie en janvier 2010. Un troisième d'une quantité de 4.200.000 de doses arrivera en février. 5.000.000 de doses arriveront en mars. La même quantité sera réceptionnée le mois d'avril. Enfin, le sixième et dernier quota d'une quantité de 3.900.000 de doses arrivera en mai. Le total de ces doses est de 20 millions. Cet approvisionnement par lots aura pour conséquence une campagne échelonnée où la vaccination se fera selon le planning évoqué. Outre le personnel de la santé et celui assurant les activités essentielles du pays, seront vaccinées en priorité «les femmes enceintes qui sont environ un million. Viendront ensuite les personnes faisant partie de l'entourage d'enfants de moins de six mois». D'autres franges de la société sont également concernées par la vaccination contre la grippe. Il s'agit des personnes âgées de six mois à 24 ans. Le docteur Cherchali espère que «la campagne touchera des adultes âgés entre 25 et 50 ans, soit 16 millions de personnes. Viendront ensuite les malades chroniques». Le Docteur Cherchali évoque certains modes de transmission de la maladie. A Béni Saf dans la wilaya de Aïn Témouchent, un père de famille porteur du virus H1N1 et rentrant de France a contaminé ses enfants qui, à leur tour, ont contaminé d'autres enfants scolarisés dans la même école. «Pour avoir appliqué à la lettre toutes les mesures initiées dans le plan national de lutte contre la pandémie de la grippe A/H1N1, on a pu éradiquer le foyer autochtone», dit-il. M.Saïd Barkat, ministre de la Santé, a déclaré, vendredi à Annaba, que 150 hôpitaux de référence, équipés de tous les moyens de réanimation, ont été mobilisés pour la prise en charge des patients atteints par cette pathologie. Par ailleurs, la propagation du virus pandémique qui va crescendo ces dernières semaines, n'a pas laissé de marbre les personnels de la santé. En effet, le Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) a annoncé, samedi à Alger, qu'il prendra en charge les malades atteints par la grippe porcine, malgré la grève de trois jours qui sera reconduite lundi prochain. «Nous prendrons en charge, dans le cadre du plan d'action national, tout ce qui relèvera du programme contre l'épidémie de la grippe porcine», y compris la vaccination des malades, a précisé son secrétaire général, le Dr Lyès Mérabet et d'ajouter: «Nous ferons en sorte que la campagne de vaccination soit une réussite».