La conviction ancrée chez George W. Bush et Tony Blair que Saddam Hussein représentait une menace, les a empêchés de voir qu'aucune preuve ne justifiait une guerre pour renverser le numéro un irakien d'alors, a estimé hier l'ancien inspecteur en chef de l'ONU en Irak, Hans Blix. Le président américain et le Premier ministre britannique de l'époque «se sont fourvoyés et ont ensuite fourvoyé le public», sur les raisons du conflit, a expliqué, au quotidien Daily Mail, Hans Blix, qui dirigeait, peu avant l'invasion de 2003, l'équipe d'enquêteurs recherchant des traces d'armes de destruction massive en Irak. «Ils étaient convaincus d'avoir en face d'eux un personnage maléfique, ils ont cherché des preuves et ils y ont cru, sans examen critique», a expliqué M.Blix, 81 ans. «Je ne dis pas qu'ils ont agi de mauvaise foi, ils ont eu une très mauvaise appréciation. Un minimum de réflexion critique aurait pu les faire douter», a-t-il ajouté. «Quand vous commencez une guerre qui coûte des milliers de vies, vous devriez être plus sûrs de vous qu'ils ne l'étaient», a-t-il souligné. En l'absence d'autorisation de l'ONU, Washington et Londres avaient justifié l'invasion de l'Irak en 2003 par la prétendue présence dans ce pays d'armes de destruction massive, mais aucun matériel de ce type n'avait été découvert, ni par l'équipe d'Hans Blix, ni après le renversement de Saddam Hussein. Hans Blix a assuré avoir averti Tony Blair de ne pas envahir l'Irak en ces termes: «Il pourrait s'avérer paradoxal et absurde que 250.000 hommes envahissent l'Irak et ne trouvent presque rien». Une enquête officielle a démarré en novembre en Grande-Bretagne sur l'engagement en Irak de l'armée britannique, dont les dernières troupes de combat ont quitté le pays en début d'année. Le Daily Mail note que M.Blix n'a pas été appelé à témoigner devant la commission d'enquête britannique, qui devrait entendre M.Blair début 2010.