Le président américain fait toujours la sourde oreille, au moment où les concessions de Bagdad, notamment le début, hier, de la destruction des missiles Somoud II, sont considérées comme des éléments très importants d'“un vrai désarmement”, par Blix. En dépit de l'absence de preuves d'un refus de coopération des autorités irakiennes avec les inspecteurs onusiens, George Bush et son allié inconditionnel, Tony Blair, continuent à agiter le spectre de la guerre en présentant le régime de Saddam Hussein comme “un grand danger” pour la paix mondiale. Cette affirmation est catégoriquement rejetée par le président russe. “Nous ne considérons pas que la menace irakienne soit plus grande que celle qui émane d'autres pays”, a déclaré Vladimir Poutine à la presse bulgare avant son départ à Sofia pour une visite dans ce pays. “Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème. Nous sommes d'accord qu'il est nécessaire de désarmer l'Irak. Nous devons nous assurer qu'il n'y a pas d'armes de destruction massive et, si elles sont présentes, qu'elles soient détruites. C'est le but que s'est donné la communauté internationale”, a ajouté le chef du Kremlin. D'ailleurs, Moscou n'écarte pas l'éventualité de recours au droit de veto pour bloquer une seconde résolution comme le souhaitent les Américains. Cette position contraste totalement avec l'empressement de Washington et Londres de désarmer l'Irak par la force le plus rapidement possible. En effet, dans un entretien accordé au Guardian, Blair estime “agir plus tôt est mieux qu'agir tardivement. Si vous agissez tôt, vous devez avoir moins de personnes atteintes et vous réduisez la possibilité de l'extension d'un conflit”. Le Premier ministre britannique s'est également déclaré en faveur d'une résolution de l'ONU, qui ouvre la voie au recours à la force contre l'Irak. Il est allé jusqu'à dire que les Irakiens “seront les principaux bénéficiaires” d'une intervention militaire contre leur pays !? L'intransigeance de Blair est en contradiction avec l'évolution des inspections en Irak, qui commencent à donner des résultats concrets d'après les appréciations des responsables des opérations de contrôle et de la communauté internationale. Le contenu du dernier rapport de Hans Blix, qui sera étudié dans les prochains jours par le Conseil de sécurité, n'apporte pas de l'eau au moulin des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, au contraire, il est plutôt favorable aux partisans d'un règlement pacifique de la crise irakienne. Il confirme la coopération de plus en plus positive du régime de Saddam Hussein, puisqu'il signale les facilités constatées dans le déroulement des opérations de contrôle. Jusqu'au 28 février, 550 inspections ont été effectuées, sur 350 sites sans préavis de la part des inspecteurs et l'accès a été généralement accordé sans retard. La première semaine du mois de mars sera déterminante dans le règlement du conflit irakien en raison des nombreux rendez-vous internationaux sur la question. Reste à savoir, maintenant, si les avancées constatées dans le désarmement de l'Irak par les inspections seront ignorées par Washington et Londres ? K. A. Le pape fait part de son inquiétude à Bush Le pape Jean Paul II a écrit une lettre au président américain George W. Bush, pour lui faire part de son inquiétude face à une éventuelle guerre en Irak, qui lui sera remise à Washington dans les prochains jours par un émissaire, a annoncé samedi le Vatican. Le messager du pape, le Cardinal Pio Laghi, se rendra à Washington “dans les prochains jours”, a annoncé le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls. “Le Cardinal, qui quittera Rome dans les prochains jours, sera porteur d'un message de sa Sainteté et mettra l'accent sur la position et les initiatives prises par le Saint-Siège pour contribuer au désarmement et à la paix au Proche-Orient”, selon le porte-parole du Vatican : Joaquin Navarro-Valls.