La flambée des prix ébranle la décision du gouvernement et anéantit tout effort visant à améliorer le pouvoir d'achat. Sitôt décidée, sitôt avérée inutile. L'augmentation du Snmg perd, d'ores et déjà, son efficacité. La flambée des prix ébranle la décision du gouvernement et anéantit tout effort visant à améliorer le pouvoir d'achat. Le marché dresse un tableau noir et même désagréable. Le kilo de lentilles a atteint les 180 dinars voire 200 dinars parfois. C'est du jamais-vu! Ce plat populaire et accessible aux petites bourses s'élève au rang des produits de luxe. «Nous le vendons au prix de gros à 160 dinars le kilo», affirme un agent de la société Delia, spécialisée dans le conditionnement du produit. «Personnellement, je ne peux pas l'acheter», avoue-t-il. Un commerçant de détail à Kouba ne cache pas son désarroi. «Je ne l'ai pas ici dans mon magasin car, à ce prix, je crains fort que les gens ne l'achètent pas», a-t-il avoué avec un air interrogateur. Ce n'est pas tout. Le kilo des haricots secs est vendu à 155 dinars. Idem pour les pois chiches qui frôlent la barre des 140 dinars. S'ajoute à cela le prix du sucre qui a atteint 85 dinars. Après les fruits et les légumes, les légumes secs haussent le ton pour prendre leur envol. Désormais, ces produits de base connus plutôt économiques se feront de plus en plus rares sur la table des Algériens. Pourtant, un projet portant sur la subvention des prix de ces produits avait été préparé par le département du commerce il y a presque un an. «Une étude portant sur l'évaluation du coût financier de cette subvention a été faite et remise au gouvernement», avait déclaré le ministre du Commerce. Le gouvernement, qui devrait trancher, a mis le projet en quarantaine. Devant l'absence des mécanismes de contrôle, les spéculateurs continuent à imposer leur diktat en jonglant avec les prix. Le citoyen est le seul à payer les frais. «Sincèrement, je me demande comment vivent les familles qui ont un seul revenu», s'interroge une jeune femme, travaillant dans un établissement bancaire. Croisée au marché de Ben Omar, cette dame reconnaît que le pouvoir d'achat ne cesse de se dégrader. «Où allons-nous avec cette situation!», s'écrie-t-elle en montrant du doigt le prix des oranges affiché à 130 dinars le kilo en pleine saison. «Et voilà, les 3000 dinars d'augmentation ne régleront en rien le problème», constate-t-elle en qualifiant cette augmentation de «dérisoire». «Ça ne suffit même pas pour faire un marché complet pour toute la semaine», souligne-t-elle. Attirée par le sujet, une autre dame intervient pour dire: «Ce n'est que de la poudre aux yeux.» «Les syndicats ont demandé 24.000 dinars comme salaire minimum, en vain», rappelle-t-elle avec déception. «J'ai casqué 2000 dinars ce matin rien que dans quelques produits de base», précise-t-elle. Effectivement, une virée à l'intérieur du marché donne le tournis. Les étals sont biens garnis et attirants mais les prix affichés font fuir les clients. Rien que pour l'oignon, il est entre 65 et 85 DA le kilo. La pomme de terre ne renonce pas à ses 50 et 65 dinars le kilo. Cela sans parler de l'artichaut, des aubergines et des petits pois. Pour les fruits, ils sont intouchables. Les mandarines et les oranges ont dépassé la barre des 100 dinars pour atteindre 130 et 150 dinars. La banane aussi a repris son envol pour rivaliser avec la pomme. Alors qu'il était à 90 dinars, le kilo frôle la barre des 140 dinars. Sans parler des viandes et des fruits de mer. Le kilo de viande blanche ne descend pas la barre de 700 dinars et 300 dinars pour le poulet. Quant aux poissons, le prix de la sardine classée en bas de l'échelle est à 200 dinars le kilo. Ce tableau résume en quelque sorte le calvaire quotidien des pères de famille qui sont obligés d'affronter la tension du marché. Quel que soit le prix, les parents se saignent pour assurer un repas équilibré aux enfants.