L'entrée en lice du FFS, qui entraînera forcément celle du RCD, resitue les enjeux dans leur juste contexte, celui de la présidentielle d'avril 2004. La classe politique, toutes tendances confondues, ne pense plus qu'à une seule chose : comment réussir un sans-faute lors des élections locales du 10 octobre prochain. La tâche sera d'autant plus ardue qu'aucune des grosses pointures ne sera, désormais, absente, et qu'aucun parti ne fera de cadeaux lors de ces joutes électorales. La culture démocratique, qui commence à s'incruster dans les mentalités citoyennes, a contraint les partis politiques à s'y adapter. Les cuisants échecs essuyés, le 30 mai dernier, par le RND et le MSP, ont montré à tous que le peuple n'est plus dupe. Les longues années d'égarement, de mauvaise gestion, voire de malversations, auront été fatales à ces deux formations alors que, dans le même temps, le FLN, éloigné des affaires depuis octobre 88, en est ressorti grand gagnant. Dans le même temps, des partis connus pour leurs positions de principes très tranchées, tels le PT de Louisa Hanoune et le MRN de Abdallah Djaballah, ont effectué de prestigieux bonds en avant. Ces résultats, auxquels il faut adjoindre le taux de participation très modeste, concourent à créditer la thèse que le pays vient de se doter de sa première APN légitimement élue, exception faite des représentants de la Kabylie. Toutes ces tendances ne peuvent que se conforter durant les élections locales prochaines, à cela près que l'entrée en lice du FFS pourrait, elle aussi, créer de nouvelles surprises lors du prochain scrutin. Or, il n'échappe à personne que les collectivités locales jouent un rôle déterminant, à plus d'un titre, dans l'élection ou pas d'un candidat à la présidence de la République. D'abord, parce que les élus locaux auront environ une année pour faire leurs preuves sur le terrain et convaincre les citoyens que leur programme est le meilleur. Sur un autre registre, la présence d'élus partisans au sein des APC et APW est, sans conteste, la meilleure des garanties pour éviter toute fraude lors de la prochaine présidentielle. C'est donc sous ce prisme nouveau qu'il convient sans doute d'appréhender les prochaines élections locales. Des élections qui, déjà, s'annoncent particulièrement serrées. Même la Kabylie, qui n'a plus beaucoup d'arguments devant elle après la libération des détenus et la disponibilité clairement affichée par le gouvernement et la présidence d'ouvrir un dialogue franc, transparent et sans exclusion aucune afin de donner suite au reste des revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ Nath-Irathen pense sérieusement à réviser sa position. Déjà, l'on parle avec insistance de la très probable participation du RCD au prochain scrutin, alors que le mouvement citoyen, lui, se serait déjà attelé à confectionner des listes indépendantes en attendant de pouvoir mettre sur pied son propre parti. Tout ce remue-ménage, il faut le souligner, n'est pas à dissocier de la campagne médiatico-politique qui, présentement, fait rage contre le Président de la République. Une campagne qui, vraisemblablement, cherche à empêcher Bouteflika de briguer un second mandat alors que ce dernier en a un besoin pressant. Comme souligné dans une précédente édition, le Président Bouteflika a élaboré un plan à moyen terme, voire à long terme, pour sortir l'Algérie définitivement de la crise. Il a, donc, un besoin pressant d'un second mandat. Là, aussi, résident les enjeux. Les véritables enjeux.