Réformer le secteur pénitentiaire ne date donc pas d'hier, mais de bien avant. On parle de nouveau de vider la prison de Serkadji de ses pensionnaires pour la transformer en musée comme elle l'avait été pendant de longues années avant que le terrorisme ne s'impose comme pourvoyeur «privilégié» du secteur carcéral en Algérie. Mais dans le cas où cette perspective n'aboutirait pas, Serkadji, vieille prison ottomane connue dans tout le pourtour méditerranéen depuis au moins le 17e siècle, serait touchée par la réforme du secteur pénitentiaire dont la mise en oeuvre ne saurait tarder. Serkadji, Tazoult (ex-Lambèze), pour les réformateurs du secteur, ce sont avant tout des prisons à problème. Des prisons qui depuis une cinquantaine d'années, ont connu beaucoup de turbulences sous forme de mutineries ou de révoltes que l'Etat a souvent été obligé de réprimer. Qui ne se souvient pas de la grande évasion qui a affecté la prison de Tazoult au début des années 90? Qui ne se souvient pas de Barberousse dont la mutinerie s'est traduite, il y a quelques années, par des dizaines de victimes. Conséquences redoutables pour un pays qui a décidé de maintenir la peine de mort, mais de ne l'appliquer que si le recours aux autres procédures était jugé inapte à servir d'exemple pour décourager les délinquants potentiels. D'où la réforme du secteur pénitentiaire qui, désormais, figure en bonne place dans le programme du nouveau gouvernement Benflis. Enfin ! Aurions-nous dû dire! Pourquoi enfin? Parce qu'il a toujours été question de réformer le secteur pénitentiaire pour en finir avec les horreurs qu'avaient vécues les Algériens emprisonnés durant la Guerre de Libération nationale. Réformer le secteur pénitentiaire ne date donc pas d'hier, mais de bien avant. En effet, en 1972, à la faveur du 10e anniversaire de l'accession de l'Algérie à l'indépendance, il avait été question d'une réforme profonde du secteur pénitentiaire que le pouvoir, serein et fort d'une entreprise censée devoir donner l'exemple aux autres pays dans le domaine de la prison en charge «humaniste» des milieux carcéraux, devait mettre immédiatement en application. Or, nous sommes en l'an 2002 et la réforme de 1972, très prisée, par ailleurs, par tous les spécialistes du domaine, n'a jamais pu voir le jour. Le texte de 1972 serait-il aujourd'hui d'une quelconque utilité pour inspirer ceux qui y planchent déjà? Il semble bien que oui dès lors que même ceux au gouvernement auxquels a échu le privilège de plancher sur les nouveaux textes estiment que celui de 1972 reste, en tout état de cause, un élément de réflexion indispensable, voire une base de départ pour la mise en oeuvre d'une réforme digne des sacrifices de nos prédécesseurs. Quelques aspects de la réforme attendue? En premier lieu abandonner le caractère exclusivement répressif au profit d'un mélange de discipline, de travail intelligent, de pédagogie et d'occupation didactique pour faciliter plus tard les insertions des détenus une fois leur peine purgée. Pourquoi un tel dispositif? Tout simplement parce qu'au fil du temps on s'est aperçu que dans les pénitenciers où l'ordre et la discipline pèsent trop lourdement sur les détenus, les mutineries s'embrasent au moindre prétexte. Exemple: Barberousse et Tazoult.