L'Iran se méfie des Occidentaux mais ne rejette pas le principe d'un échange d'uranium faiblement enrichi contre du combustible enrichi à 20% si ils «regagnent sa confiance», a déclaré hier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Ramin Mehmanpars, interrogé lors de son point de presse hebdomadaire, a par ailleurs rejeté une proposition de la Turquie d'aider à un règlement de la crise opposant l'Iran aux grandes puissances sur le dossier nucléaire. «La Turquie veut jouer un rôle pour résoudre cette question (...), mais nous pensons que notre position est claire et n'a pas besoin d'être interprétée par d'autres», a déclaré le porte-parole. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré lundi, lors d'une rencontre avec le président américain Barack Obama, que «la Turquie se tient prête à faire tout ce qu'elle peut pour une solution diplomatique à la question nucléaire» au Moyen-Orient. «Nous avons révélé très clairement nos intentions à l'Aiea» (Agence internationale pour l'énergie atomique), a ajouté M.Mehmanpars. Il a affirmé que l'Iran n'avait «jamais dit» qu'il était opposé au principe d'un échange d'uranium. «Mais en raison de l'attitude de certains pays occidentaux dans le passé, nous avons perdu confiance» car «ils n'ont jamais tenu leurs promesses». «S'ils font en sorte de réunir les conditions pour gagner notre confiance, nous sommes prêts à l'échange du combustible», a-t-il ajouté. L'Iran a rejeté un projet d'accord visant à échanger une large partie de son uranium enrichi à 3,5% contre de l'uranium enrichi à 19,75% pour son réacteur de recherche de Téhéran. L'uranium iranien aurait été envoyé en Russie puis en France avant de revenir sous forme de combustible. Mais l'Iran a refusé d'envoyer au préalable son uranium à l'étranger pour recevoir ensuite du combustible, proposant un échange simultané sur son territoire que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a refusé. L'enrichissement de l'uranium est au centre du bras de fer entre l'Iran et l'Occident qui redoute que Téhéran puisse l'utiliser à des fins militaires, malgré les démentis répétés des Iraniens. Le durcissement de l'Iran, visé par quatre résolutions du Conseil de sécurité, dont trois assorties de sanctions, pour son refus de suspendre l'enrichissement, a entraîné de vives réactions en Occident. L'Aiea a condamné fin novembre la politique nucléaire de l'Iran et demandé l'arrêt de la construction du site d'enrichissement de Fordo, situé à une centaine de kilomètres au sud de Téhéran et dont l'existence a été révélée fin septembre. Mercredi, le président Mahmoud Ahmadinejad avait indiqué que l'Iran produirait l'uranium enrichi à 20% dont il a besoin et affirmé que Téhéran considérait le dossier nucléaire comme «clos». «La nation iranienne produira elle-même le combustible (nucléaire) enrichi à 20% ainsi que tout ce dont elle a besoin», avait-il déclaré. «A nos yeux, la question nucléaire est close», avait-il ajouté.