Le silence des ONG internationales sur le cas de la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar, prouve que ces organisations obéissent à des intérêts et sont soumises à des pressions. «L'Etat doit présenter des excuses aux familles des disparus pour tourner la page d'une sombre époque.» Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'homme (Cncppdh) a affirmé, hier sur les ondes de la Chaîne I de la Radio nationale, que «les familles ont besoin d'entendre des excuses de la part des autorités afin de clore un dossier qui a fait couler beaucoup d'encre». Ces excuses entreront dans le cadre des mesures complémentaires d'appui à la Réconciliation nationale. En effet, même si Ksentini soutient que ce projet a atteint une grande partie de ses objectifs, il reste néanmoins des lacunes à corriger, citant principalement la bureaucratie dans le traitement des dossiers des disparus. Cela n'a pas empêché pour autant l'administration de régler la situation de 90% des cas signalés. Il est utile de préciser que tout au long de l'entretien accordé à la Radio nationale, le président de la Cncppdh a évité d'évoquer la question de l'amnistie générale. Rappelons qu'au mois de septembre, M.Ksentini avait annoncé l'année 2010 comme celle du référendum sur l'amnistie. Deux hauts responsables de l'Etat, à savoir le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, ont contredit, en des termes à peine voilés, les propos de Ksentini, affirmant que le dossier n'est pas à l'ordre du jour. Ce dernier s'est rétracté attestant qu'il exprimait une opinion personnelle. Hier encore, l'orateur a affirmé qu'il serait injuste de condamner éternellement les repentis pour un passé qu'ils ont renié en réintégrant la société. Interrogé sur la question des harraga, l'invité de l'émission Tahaoulat a proposé la dépénalisation de l'acte. Les harraga «nécessitent de la société une grande attention. On a besoin de comprendre leur geste suicidaire au lieu de les condamner». Il proposera de remplacer la peine d'emprisonnement par une amende symbolique. Dans un autre volet, M.Farouk Ksentini s'est interrogé sur les raisons du silence des ONG internationales sur le cas de la militante sahraouie des droits de l'homme, Aminatou Haïdar. Pour lui, cette position prouve combien ces organisations obéissent à des intérêts et sont soumises à des pressions. Ksentini a affirmé, par ailleurs, que le rapport sur les droits de l'homme en Algérie sera remis au Président avant la fin de l'année ou au plus tard, début janvier. «Il y a des progrès qui sont apportés chaque année en la matière. Les droits de l'homme sont une culture, il y a des verrous partout, qu'il faut faire sauter. C'est toute une culture qu'il faut répandre», a-t-il ajouté. Le rapport en question abordera, notamment des questions aussi sensibles que celles ayant trait au chômage et au problème du logement. Ksentini fera part de sa consternation quant à l'acharnement des médias et des responsables égyptiens contre l'Algérie après le match de foot Algérie-Egypte au Soudan. «Les avocats de ce pays, qui ont brûlé l'emblème national algérien ont déshonoré la profession et devraient avoir honte de leur acte», dira-t-il. Ksentini est revenu sur le dossier des prisonniers algériens de Guantanamo acquittés et libérés par la justice algérienne. Pour lui, le verdict n'a pas révélé de surprises. «On ne peut construire la culpabilité de quelqu'un sur aucune base juridique», a-t-il souligné. Il expliquera que la plupart de ces détenus ont été jugés en Bosnie et relaxés. «A leur sortie du tribunal bosniaque qui les a totalement innocentés, ils ont ensuite été appréhendés par les forces américaines et transférés à Guantanamo.» Leur arrestation n'était fondée sur aucune base juridique ou accusation claire. Pour lui, les Algériens pourraient exiger des indemnisations à l'Administration américaine.