Au moment où l'état d'alerte est lancé pour faire face à la grippe porcine qui a fait 10 décès depuis quelques mois, les cancéreux meurent dans l'ignorance et l'indifférence tous les jours. «On enregistre une cinquantaine de décès par jour suite aux différents cancers, toutes pathologies confondues», s'écrie la porte-parole de l'association Al Amel fi El Hayet (L'espoir dans la vie), Mme Hamida Kettab. S'exprimant hier au forum d'El Moudjahid à Alger, Mme Kettab a indiqué que la cause principale du décès de ces malheureux patients est le «manque de la radiothérapie ainsi que la rupture des produits anticancéreux. Même les soins palliatifs n'existent pas». L'oratrice dénonce, en outre, «la bureaucratie constatée au niveau des hôpitaux». A ce propos, elle dira: «On reconnaît que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière débourse chaque année une importante enveloppe financière dont 50% vont au profit des cancéreux. Mais on dénonce d'autre part, la mauvaise gestion au niveau de nos hôpitaux ainsi que les autres structures relevant du même secteur.» La conférencière poursuivra en sanglots: «Nos malades ont perdu l'espoir! Ils ne bénéficient même pas d'accompagnement psychologique, sans parler des cas de divorce. Ce qu'ils veulent maintenant est au moins de mourir dans la dignité!» Intervenant pour la même occasion, le secrétaire général de l'association El Amel à Sidi Belabès a fait savoir que l'Ouest de l'Algérie ne dispose que d'un seul centre de radiothérapie. «Celui-ci fonctionne une journée et tombe en panne pendant des semaines.» Prenant la parole, la représentante de la même association à Batna, le Dr Nora Boumezrag, a expliqué que «le petit centre de Batna ne dispose pas de moyens nécessaires pour les malades. Ces derniers se trouvent contraints de se déplacer à Constantine pour les soins». Selon les différents intervenants à ce forum, les centres de soins vivent une perturbation sans précédent dans leurs services de radiothérapie. Ils tombent en panne tous en même temps. En plus de la panne, la rupture des médicaments indiqués entraîne le retard des soins. «Nous avons reçu des patients avec des ordonnances pour acheter des médicaments strictement hospitaliers et qui ne peuvent être servis en pharmacie», lance Mme Kettab. Selon un communiqué de presse dont L'Expression détient une copie, les Associations d'aide aux patients cancéreux attestent qu'«au CHU/CAC d'Oran, le matériel de radiothérapie est pratiquement tout le temps en panne, parfois pour une période d'un mois entier pour raison de caducité. Tous les rendez-vous sont reportés jusqu'à 6 au 7 mois. Deux simulateurs nouveaux ne sont pas encore exploités parce qu'ils manquent de manipulateurs. Les patients sont renvoyés vers Alger et Blida». La même source relève que «l'hôpital de Messerghine, inauguré depuis une année au moins, n'est toujours pas fonctionnel!» A Constantine, les malades ayant suivi des cures ont vu leurs traitements interrompus. Toujours selon le même document «le Cpmc et l'hôpital de Tizi Ouzou enregistrent une centaine de patients qui souffrent d'une rupture de médicaments vitaux comme le Nexavar, l'Avastin, le Tarceva... avec les lourdes conséquences sur leur état de santé. Quelques décès sont déjà à déplorer». Le communiqué rapporte au final que «le CAC Blida est le seul centre à avoir échappé aux pannes. Il se trouve complètement débordé et travaille à plein régime aussi car recevant les patients des autres centres, notamment d'Alger et d'Oran».