Le ministre de la Défense s'est exprimé au cours d'une tournée dans les unités militaires de Conakry, en tant que chef de l'Etat intérimaire. Le général Sékouba Konaté, dirigeant «par Intérim» de la Guinée, a exhorté jeudi l'armée à bannir «l'indiscipline dans ses rangs» et «mater» les «brigands en son sein», une semaine après la tentative d'assassinat du chef de la junte par son propre aide de camp. Le ministre de la Défense s'est exprimé au cours d'une tournée dans les unités militaires de Conakry, en tant que chef de l'Etat intérimaire. Toujours hospitalisé au Maroc, le N°1 du régime, le capitaine Moussa Dadis Camara, n'a fait aucune déclaration ni apparition depuis qu'il a été blessé à la tête, le 3 décembre. Son aide de camp avait alors ouvert le feu sur lui, dans un camp militaire de Conakry. Le général Konaté a enjoint les soldats à «extirper les mauvaises graines des rangs de l'armée». «Ceux qui sont mauvais parmi nous, matez-les. Luttez contre les brigands en notre sein», a-t-il lancé devant les militaires en rangs. Le lieutenant Aboubakar Sidiki Diakité, dit Toumba, qui avait tiré sur le chef de la junte, reste en cavale. Mais les autorités affirment avoir arrêté «une centaine de militaires» depuis le 3 décembre. Au moins un de ces militaires arrêtés a été «torturé à mort», selon sa famille. La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (Fidh) a dénoncé jeudi «les arrestations arbitraires qui auraient lieu depuis quelques jours à Conakry» et s'est inquiétée des «risques de tortures et d'exécutions sommaires pour les personnes arrêtées». A New York, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réitéré «la nécessité d'éviter la violence et de respecter l'état de droit dans le pays». Le général Konaté a par ailleurs exhorté les militaires à protéger les civils. «On ne peut plus accepter ça, qu'on vienne les piétiner ou autre chose», a-t-il dit, comme s'il évoquait le massacre d'opposants perpétré le 28 septembre à Conakry. Dans l'opposition, les premières réactions aux discours du général Konaté ont été plutôt favorables. Le porte-parole des Forces vives (partis d'opposition, syndicats et société civile), Jean-Marie Doré a ainsi estimé que le général «était en train de redonner espoir à la population en disant aux soldats qui sèment la terreur dans les quartiers que la récréation est terminée». Sur le plan diplomatique, le ministre guinéen des Affaires étrangères, Alexandre Cécé Loua, a assuré à Conakry que la junte et le gouvernement étaient décidés à «poursuivre les négociations» à Ouagadougou, «pour une sortie de crise rapide, consensuelle et durable». Il démentait ainsi l'annonce faite deux jours plus tôt par le ministre secrétaire permanent du Cndd, le colonel Moussa Keïta, selon lequel la junte «suspendait» sa participation aux négociations, «jusqu'au retour» au pouvoir de Moussa Dadis Camara. Le ministre des Affaires étrangères a également assuré: «Nous continuerons à coopérer avec le groupe de contact international sur la Guinée». Une réunion de ce groupe doit se tenir dimanche à Ouagadougou et les deux parties guinéennes ont été invitées à y prendre part. Enfin, le chef de la diplomatie guinéenne a publiquement contesté des accusations proférées à l'encontre de la France par un autre ministre. La junte et le gouvernement «ne soupçonnent, encore moins ne pointent un quelconque doigt accusateur sur aucune puissance étrangère, du fait de cette tentative d'assassinat», a insisté M.Cécé Loua devant des diplomates et journalistes. Il contestait ainsi les propos du ministre de la Communication à la présidence, Idrissa Chérif, qui avait accusé le chef de la diplomatie française et des «services français» d'avoir voulu «préparer un coup d'Etat» en Guinée.