Le dirigeant par intérim de la Guinée, le général Sékouba Konaté, s'est rendu hier au Maroc auprès du chef de la junte, hospitalisé à Rabat depuis plus de trois semaines, après avoir été blessé à la tête par son aide de camp, a annoncé la junte dans la nuit de dimanche à lundi. «Le général de brigade Sékouba Konaté, ministre de la Défense nationale, président par intérim, a quitté lundi 28 décembre 2009 Conakry pour se rendre au Maroc auprès du chef de l'Etat, Son Excellence le capitaine Moussa Dadis Camara, président de la République, chef de l'Etat, commandant en chef des forces armées, pour une visite de courtoisie et de consultation», selon ce texte diffusé dans la nuit de dimanche à lundi sur la radio nationale. Le texte a été lu par le commandant Mandjou Dioubaté, directeur du bureau de presse de la présidence de la République. Le général Konaté n'a pas rencontré le chef de la junte depuis que ce dernier a été blessé, le 3 décembre, par son aide de camp qui a ouvert le feu sur lui dans un camp militaire à Conakry. Cette visite à Rabat du général a été plusieurs fois programmée puis reportée. Depuis que le capitaine Camara a été opéré, officiellement d'un «traumatisme crânien», les autorités guinéennes diffusent le même type de message officiel: «Il va mieux et a l'intention de retourner le plus vite possible à Conakry». Mais, un ministre aurait récemment rapporté au général Konaté que le capitaine Camara était, en fait, dans «un état assez déplorable». Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir par l'armée le 23 décembre 2008, au lendemain de la mort du dictateur Lansana Conté (1984-2008). Par ailleurs, Sékouba Konaté a ordonné, durant le week-end, au ministre chargé de la Communication à la présidence et au ministère de la Défense, Idrissa Chérif, de s'abstenir désormais de toute déclaration sur la Guinée et sur l'état de santé du chef de la junte, a confié un ministre proche du général. Les «déclarations tapageuses contre Bernard Kouchner et la France ne sont pas de nature à améliorer les relations entre la Guinée et l'Union européenne», qui vient de durcir ses sanctions contre la junte, a fait valoir ce ministre proche du chef de l'Etat par intérim. «Si les instructions du général ne sont pas respectées, Idrissa Chérif sera mis aux arrêts, nous sommes toujours en régime d'exception» a-t-il ajouté. M.Chérif avait plusieurs fois accusé le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, d'avoir cherché à «déstabiliser le régime» et «d'être en contact avec ceux qui ont tenté d'assassiner» le chef de la junte.