Des experts en santé publique ont insisté, hier à Alger, sur l'importance d'une «implication plus significative» des associations dans la sensibilisation et la prévention contre le sida. Au cours d'une journée d'étude organisée par l'Association algérienne pour la planification familiale (Aapf) à l'Institut national de santé publique (Insp), dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida, ces experts ont plaidé pour une implication plus significative de la société civile afin de freiner la propagation de cette maladie. «La prévention reste le premier moyen de lutte contre cette maladie et, à travers elle, la communication doit jouer un rôle prépondérant», a insisté le Pr Abdelmadjid Bouguermouh, de l'Institut Pasteur d'Algérie. Dans son intervention intitulée «Les premiers pas dans la lutte contre le sida en Algérie», l'intervenant a souligné qu'il faut également lutter contre la stigmatisation à laquelle font face les malades du sida, d'où le rôle important des associations et des médias dans leur prise en charge psychologique. Par ailleurs, il a donné un bref historique de cette maladie qui a fait sa première apparition en Algérie en 1985, au service de dermatologie du CHU Mustapha-Pacha, rappelant les plans à court et moyen termes en matière de prise en charge élaborée depuis cette apparition. Par ailleurs, le Pr Bouguermouh a présenté les différentes étapes de prise en charge de cette maladie en Algérie, précisant qu'en dépit de tous les efforts consentis en la matière, «la prise en charge des personnes atteintes par le VIH reste toujours insuffisante». Pour sa part, le Pr Achour Amrane, spécialiste en maladies infectieuses de l'établissement hospitalier Laâdi-Flici (El Kettar), a déploré la prise en charge «tardive» de certains patients qui refusent, selon lui, le dépistage pour des raisons sociales soulignant qu'«il faut parvenir à casser le tabou empêchant le dépistage». Dans le même cadre, le Pr Amrane a rappelé l'ouverture, à travers différentes régions du pays, de centres de dépistage volontaire devant permettre d'effectuer des examens, dans l'anonymat et la discrétion la plus totale. Maladie grave aux implications socio-économiques lourdes, le sida ne bénéficie d'aucun traitement médicamenteux définitif qui puisse détruire le virus du VIH et guérir totalement le malade. «Le seul traitement existant (la trithérapie) qui soulage un tant soit peu le malade et lui permet d'avoir un certain confort de vie, reste un traitement lourd et très coûteux pour le Trésor public», a-t-il souligné. Pour une personne, le traitement annuel coûte en moyenne entre 400.000 et 700.000 DA. En Algérie, les personnes atteintes de sida bénéficient de la gratuité du traitement, précise-t-on de même source. En Algérie, 10 11 sidéens et 4 045 séropositifs ont été recensés depuis 1985. Un chiffre qui reste, selon les spécialistes, «loin de refléter la réalité en l'absence de dépistage précoce, régulier et systématique de la maladie».