Alors que le virus H1N1 menace de faire encore des morts, une campagne de vaccination n'est pas pour demain. «La campagne de vaccination commencera dans les quelques jours à venir.» Cette déclaration, tant attendue, a été faite hier au Sénat par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat. Cependant, elle n'apporte aucune assurance aux citoyens en proie à la panique car le ministre n'a pas jugé utile d'arrêter une date précise. En effet, alors que les experts de la santé appellent incessamment à une vaccination massive et urgente de la population, le coup d'envoi d'une campagne de vaccination n'a pas été donné jusqu'à ce jour, et ce, malgré la perte de 19 vies humaines en l'espace de 15 jours seulement. Jeudi dernier, le même ministre affirmait que «le vaccin contre la grippe porcine, importé par l'Algérie ne présente aucun risque sur la santé des citoyens contrairement à ce que veulent faire croire certaines parties». Il rassurait aussi qu'«il est tout à fait normal que chaque vaccin présente des effets secondaires, mais celui acquis par l'Algérie est certifié par l'OMS et ne présente donc aucun danger pour la santé publique». Pour sa part, le secrétaire général du ministère de la Santé, le Dr Abdeslam Chakou, a assuré que «la campagne de vaccination débutera dès que le vaccin sera contrôlé». M.Chakou a cependant annoncé que «l'Algérie est face à un pic ascendant du virus H1N1 de la grippe porcine». Les derniers bilans font état du décès de 19 personnes sur les 445 cas confirmés de grippe porcine. En outre, 33 wilayas sur l'ensemble des 48 sont touchées par le virus H1N1. Prévu pour la première semaine du mois en cours, un premier lot de 900.000 doses, il n'a été réceptionné, tout compte fait, que la dérisoire quantité de 450.000 doses de vaccin. A qui profiteront ces dernières? Au personnel soignant estimé à 400.000? Aux femmes enceintes qui représentent un million de la population algérienne? Aux corps constitués ou encore aux malades chroniques? Là-dessus, le département de Saïd Barkat a, pendant longtemps, adopté «le motus et bouche cousue». Jugez-en: hier, le ministre a avancé qu'«une nouvelle quantité du vaccin est arrivée», sans, toutefois, donner plus de détail là-dessus. Par ailleurs, la prévention contre la grippe A dans le milieu scolaire est également sujette à une grande polémique. Alors que trois écoles et près d'une quarantaine de classes sont fermées, le ministère de la Santé annonce qu'il va donner des instructions pour rendre obligatoire le port de masques dans les écoles, si un seul cas de grippe porcine est détecté dans l'établissement. Cependant, et à ce jour, les fameux masques ne sont pas distribués gratuitement comme cela a été promis par le ministre. Pis encore, de nombreux pharmaciens spéculent sur ce moyen de protection en doublant, voire en triplant son prix. Les ménages à la bourse moyenne et dont les enfants sont scolarisés, ne savent plus à quel saint se vouer. De ce fait, le virus H1N1 a encore de beaux jours devant lui.