La quantité de vaccins à acheter, la date de réception, le début de la vaccination et le nombre de personnes contaminées sont autant de données qui sont mal maîtrisées par la tutelle. Le ministère de la Santé se perd dans les chiffres. C'est le moins que l'on puisse dire. Depuis le début de l'épidémie de la grippe A en Algérie, ce département ministériel ne cesse d'avancer des chiffres sur lesquels il revient quelques jours après, voire après quelques semaines plus tard. Le dernier dérapage en date est celui du nombre de cas de contamination par le virus de la grippe A. Officiellement, le nombre de cas cumulés et confirmés de personnes infectées par le virus de la grippe porcine est de 553 dont 32 mortels. Et cela depuis l'apparition du premier cas en juin dernier. Toutefois, pas plus tard que mercredi, le secrétaire général du ministère de la Santé, Abdeslam Chakou, se basant sur un modèle mathématique établi par l'OMS, a révélé le chiffre de 7000 à 8000 cas probables. Toujours au registre des contradictions, le nombre de décès liés à cette maladie en est un autre exemple. Le ministre de la Santé, Saïd Barkat, avait, le 7 décembre, déclaré à l'Entv à partir de Annaba qu'«officiellement, la grippe porcine a fait, malheureusement 12 morts en Algérie». Ce dernier a pris 24 heures pour se rendre compte de «sa bourde» et publié un communiqué officiel dans lequel il revoit à la baisse le nombre des décès. Par ailleurs, le paradoxe des différentes déclarations du département de Barkat ne s'arrête pas là, le SG qui s'est quelque peu aventuré à faire des prévisions, a avancé que d'ici la fin de l'année 2010, entre 20 et 40% de la population du pays serait infectée par le virus. Or, le premier responsable du secteur n'a pas attendu longtemps pour rectifier le tir. M.Barkat a déclaré le lendemain (jeudi), que seuls 3,6 millions d'Algériens seront touchés, soit 10% de la population. Décidément, il n'y a pas que le nombre de cas qui pose problème au ministère, puisque même la quantité et la date de la réception du vaccin attendue par le pays sont sources de confusion. 65 millions, 20 millions, 900.000. Les chiffres n'ont fait que retrécir ces dernières semaines, après chaque annonce, concernant les doses des produits immunisants qui seront reçues d'ici la fin de l'année en cours. Et pour cause, en septembre dernier, le 13 du mois en question plus précisément, M.Barkat avait annoncé que l'Algérie avait passé une commande de 65 millions de doses. Aussi, il avait assuré que 20 millions d'unités allaient arriver dans les semaines à venir, sachant que l'Algérie était parmi les 20 premiers pays à avoir passé sa commande et donc parmi les premiers à être servis. Mais voilà que les déclarations d'autres responsables de son ministère, viennent battre en brèche celles faites par lui-même et les contredire en fait. Ce n'est autre que son conseiller à la communication, Slim Belkassam, qui avait alors expliqué que «la quantité que recevra l'Algérie est beaucoup plus moindre que ce qu'elle a demandé». Et il n'a pas fallu longtemps pour le constater. Car sur les 20 millions attendues avant la fin du mois de décembre, seules 713.000 doses ont été réceptionnées. 187.000 viendront s'ajouter à ces dernières durant les prochains jours pour atteindre les 900.000 doses. Ce qui est bien loin des 20 millions prévues pour décembre et encore plus loin des 65 millions annoncés. Il est impossible de parler du vaccin sans parler de la campagne de vaccination. Cette dernière est censée commencer juste après l'analyse des échantillons de vaccin. Celle-ci ne devait durer que 72 heures au maximum, selon le ministre. Toutefois, cette étape cruciale tend à s'allonger. En effet, pour le SG du ministère de la Santé, on ne peut hâter ces analyses et il faut compter près d'une semaine pour faire les contrôles nécessaires. Voyant que ce délai avait encore été dépassé, M.Barkat a expliqué, jeudi, en marge des séances plénières de l'APN, consacrées aux réponses des ministres, que les délais étaient «au moins de 14 jours». No comment!