Après Béjaïa et Bouira, Tizi Ouzou a élargi les 33 délégués du mouvement citoyen arrêtés depuis le 25 mars dernier. Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, on a également appris que les présidents d'APC poursuivis en justice pour n'avoir pas répondu aux réquisitions du wali, lors des dernières législatives, et dont l'instruction était en cours, ont bénéficié, eux aussi, d'un non-lieu. La mesure de grâce présidentielle décidée à la demande du FFS, était, hier matin, l'objet de tous les commentaires. Il est vrai que le texte ne faisait mention que des «personnes condamnées». Or, les détenus de Tizi Ouzou n'étaient que des prévenus en instruction. Il semble, selon des sources, que le parquet a tout de même saisi les responsables de la maison d'arrêt les invitant à...se préparer pour la mise en liberté des détenus dans la journée. Devant le portail de la maison d'arrêt, les familles et les proches commencent à se regrouper. L'attente, longue et surtout dans un climat étouffant, se fait sentir sur les personnes. Le premier détenu sort, vers 11h, 11h30, l'espoir revient. Questionné, embrassé, enlacé de toute part, le détenu n'était pas en mesure de s'exprimer tant sa joie était grande. De temps à autre, la porte de la prison s'ouvre. Un ou deux souvent trois détenus à la fois, recouvrent la liberté...Ce n'est que vers 16h que les 33 détenus seront tous libérés et dormiront chez eux. Une immense explosion de joie se fait entendre! Certains n'arrivent même pas à en croire leurs yeux! Leurs parents sont enfin avec eux! Du carré des jeunes fusent des cris, se voulant de joie: «Ulac smah ulac» et «Pouvoir assassin». Une file de voitures se forme, les détenus s'engouffrent à l'intérieur avec leurs parents. Ce convoi de véhicules, qui grossit durant l'itinéraire - feux de détresse allumés et avertisseurs actionnés - sillonne les artères principales. Un groupe de jeunes, drapeau - national en tête, descend à pied vers la ville et sillonne l'avenue Abane-Ramdane en scandant «Ulac smah ulac», pour se diriger vers le quartier Les Genêts. En ville, on a poussé comme un ouf de soulagement. Un bon point pour le FFS qui a su, en une rencontre avec le chef de l'Etat, ramener un début de sérénité en Kabylie. De son côté, le MCB présidé par M.Ould Ali El-Hadi, dans une déclaration rendue publique, s'est félicité de cette mesure qui «est l'aboutissement d'une pression populaire...». Comme le MCB «rend hommage à tous ceux qui se sont mobilisés pour rendre cette libération possible...». Enfin, le MCB appelle les citoyens «à rester vigilants et mobilisés jusqu'au triomphe de l'idéal démocratique et républicain». Rappelons que les délégués de Tizi Ouzou, n'étant pas encore jugés, leur remise en liberté n'est que provisoire, ils devront donc, en principe, comparaître devant les juges pour se voir certainement...relaxés.