Le gouvernement irakien a demandé à l'Iran de retirer ses militaires qui auraient pris possession d'un champ pétrolifère, objet d'un litige frontalier entre les deux pays. Téhéran a, de son côté, démenti toute incursion. Les cours de l'or noir qui sont extrêmement sensibles aux conflits géopolitiques, focalisés autour de la République islamique d'Iran, deuxième producteur de brut au sein de l'Opep, pourraient rendre le marché pétrolier très nerveux. Un groupe de 11 soldats iraniens a pris, vendredi, le contrôle du champ pétrolifère de Fakha situé dans le sud-est de l'Irak si l'on en croit une déclaration du porte-parole du gouvernement irakien rendue publique vendredi. «L'Irak demande à Téhéran de retirer le groupe armé qui a occupé le puits N.4, qui a été foré en 1979, et d'ôter immédiatement le drapeau qu'ils ont hissé car ce qui s'est passé aujourd'hui est une violation de sa souveraineté», a fermement prévenu Ali al Dabbagh. «A 3h30, cet après-midi (vendredi), 11 soldats iraniens ont passé la frontière entre l'Iran et l'Irak et ont pris le contrôle du puits de pétrole. Ils ont hissé le drapeau iranien et ils sont toujours là», a précisé le responsable irakien. Mis à part un démenti de la compagnie nationale iranienne de pétrole qui a nié la prise de contrôle du puits en question, répercuté par l'agence de presse semi-officielle Mehr, aucune réaction officielle en provenance de Téhéran n'a été enregistrée. Le marché pétrolier se tient quant à lui en embuscade. Le litige a mis en éveil des «craintes que la situation n'évolue en quelque chose de plus important. Le marché ne peut ignorer la situation et il est difficile de jouer à la baisse dans ces conditions», a souligné l'analyste de chez PFG Best Research, Phil Flinn. Le baril de pétrole n'a cependant pas attendu ces nouveaux développements pour entamer sa remontée, après une série de neuf séances consécutives de baisse qui l'ont enfoncé sous la barre symbolique des 70 dollars. Il avait clos la semaine passée à 69,87 dollars. L'amorce s'est fait sentir dès mardi. Le baril de «brut léger texan» (WTI) pour livraison en janvier s'est échangé à 70,43 dollars à New York tandis que le Brent de la mer du Nord, pour la même échéance, enregistrait un gain de 29 cents à 72,18 dollars. Ce n'est toutefois que le lendemain, mercredi, que les cours de l'or noir allaient engranger leur rebond le plus significatif. Une hausse de près de 2 dollars. Le baril de «Light Sweet Crude» a atteint 72,66 dollars, soit une progression de 1,97 dollar par rapport à la veille. Le marché venait de prendre connaissance des chiffres du rapport hebdomadaire du DoE. Les statistiques du département américain de l'Energie faisaient mention d'une diminution de 3,7millions de barils des réserves de brut aux Etats-Unis alors que les stocks d'essence ont progressé de 900.000 barils. Une hausse beaucoup moins importante que celle attendue par les analystes. Elle devait dépasser les 1,4 million de barils. «L'énorme recul des stocks de brut et de produits distillés et l'augmentation moins importante de ceux d'essence ont donné lieu à une réaction positive pour les prix», a expliqué l'analyste de Prestige Economics, Jason Schenker. Les cours de l'or noir allaient pousser leur avantage un peu plus loin vendredi en fin d'échanges européens. Le baril de «Light Sweet Crude» prenait 71 cents sur le New York Mercantile Exchange terminant la semaine à 73,36 dollars. Il faut signaler par ailleurs, que les prix du brut qui ont connu une embellie appréciable ces derniers jours sont aussi boostés par la fermeture d'une importante unité de valorisation de brut du groupe Suncor Energy, ravagée par un incendie, qui se trouve au Canada. «Si elle reste fermée pendant un mois, cela pourrait représenter une baisse de production de 6 millions de barils», a fait savoir Andy Lipow, de Lipow Associates. Les importantes chutes de neige attendues dans l'est et le nord-est des Etats-Unis, une des plus grandes régions consommatrices, de fioul de chauffage dans le monde, combinées aux craintes suscitées par les bruits de bottes à la frontière irano-irakienne concourent à soutenir les cours de l'or noir dans leur progression. Certains analystes prévoient un prix moyen du brut américain qui se situerait autour des 77 dollars durant l'année 2010.