La polémique ne cesse d'enfler autour du vaccin en attendant les résultats des autorités sanitaires algériennes. Pourquoi l'analyse des échantillons de vaccin contre la grippe A est-elle aussi longue? C'est la question que se posent la plupart des citoyens. Ces derniers n'en peuvent plus d'attendre pour être immunisés contre cette pandémie. Ils commencent à avoir des doutes sur l'efficacité et surtout l'innocuité du vaccin. Et pour cause, depuis l'annonce de la réception du premier lot de 450.000 doses, le 7 décembre derniers, 21 jours se sont écoulés sans que les autorités sanitaires en charge de ces analyses n'aient délivré le certificat de conformité. Ce dernier est nécessaire pour le démarrage de la campagne de vaccination. En effet, les trois laboratoires d'analyses, seuls habilités à délivrer le fameux sésame, ont dépassé de loin les délais annoncés par le ministère de la Santé. De volte-face en volte-face et constatant que le délai de 72 heures, comme annoncé par Saïd Barkat, était insuffisant, le secrétaire général du ministère de la Santé a estimé qu'il fallait compter près d'une semaine pour faire les contrôles nécessaires. Le délai dépassé, Saïd Barkat a soutenu, la semaine dernière, en marge des séances plénières de l'APN, que les délais seraient d'«au moins 14 jours». Ce nouveau délai vient d'être largement dépassé. Et depuis, le ministère de la Santé ne s'encombre plus à donner des dates qui l'induiraient en erreur. Toutefois, que cache justement cette tergiversation autour de la date de délivrance de ce fameux certificat? Qu'attendent les services d'analyses pour annoncer les résultats des tests? Y a-t-il un problème dans les lots réceptionnés? Autant de questions sans réponse alors que la polémique autour de la provenance de ces vaccins et de leurs effets sur les personnes ne cesse d'enfler. Ce retard dans la vaccination a fait 42 décès alors que le nombre estimé de cas cumulés de grippe A/H1N1 en Algérie durant le mois de novembre est supérieur à 70.000 cas, révèle un communiqué du ministère. L'Algérie a commandé plusieurs millions de doses de vaccin auprès du laboratoire canadien GlaxoSmithKline (GSK). Ce même laboratoire a produit les vaccins qui ont servi à la campagne de vaccination au Canada dont un lot a provoqué de «graves» réactions allergiques,voire mortelles au sein de la population canadienne. Le 17 novembre dernier, dans son bilan hebdomadaire de pharmacovigilance, le ministère de la Santé canadien faisait état de 36 réactions graves, dont une mortelle, au vaccin anti-H1N1 parmi les 6,6 millions de personnes vaccinées. Soit un niveau cinq fois plus élevé que la normale, selon l'OMS qui a réagi le lendemain. Ces derniers auraient été vaccinés avec des doses provenant d'un lot suspect de 172.000 injections qui étaient en cours d'analyses. Par ailleurs, autre indicateur défavorable à ce vaccin, celui de la volonté du gouvernement allemand de vendre 2,2 millions de doses de vaccin, issues des laboratoires britanniques GSK. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, à tout cela vient s'ajouter la sombre histoire autour des conditions d'achat de ce produit, révélée par une certaine presse. Selon ces sources, l'Algérie qui «ne fait pas partie de la zone pharmaceutique naturelle des laboratoires canadiens (...) a bénéficié étrangement d'un prix très bas». Et de poursuivre: «Le vaccin coûte près de 8 euros l'unité. Mais celui acheté par l'Algérie a coûté moins de 4 euros.» Des faits qui ne font que renforcer le doute autour des 1.310.000 doses acquises par le pays. Tant de zones d'ombre entourent la gestion cacophonique de ce dossier concernant la santé de 36 millions d'Algériens. D'autant que ce dossier est géré par le secrétaire général du ministère dont on annonce la mise à l'écart. Décidément, Saïd Barkat demeure un sacré bonimenteur.