2,5 millions de doses contre la grippe A seront livrées dans deux mois. Pourquoi le personnel de santé n'a pas été prompt à se faire vacciner contre la grippe A? Pour plusieurs raisons. Il y a eu quelques couacs en matière de communication. C'est ce qu'a affirmé hier Fawzi Derrar, responsable du Centre de référence de la grippe. Mais il y a aussi d'autres événements qui expliquent ce phénomène. Le fait que des souris auxquelles le vaccin a été inoculé soient mortes, a freiné l'enthousiasme de certains. S'en est suivi le décès d'une femme médecin à Sétif après sa vaccination. «Cela a eu un effet terrible sur la campagne de vaccination.» Mais «des pays européens n'ont pas eu ces incidents et sont restés à des taux de vaccination moindres que les nôtres», a affirmé Fawzi Derrar dans une émission diffusée par la Chaîne III. Selon le responsable du Centre de référence de la grippe, la publication des résultats de l'autopsie du médecin sont du ressort du parquet et non du ministère de la Santé. Cela complique la campagne de communication, a-t-il dit. Après tous ces événements, il y a un reprofilage de la campagne de vaccination en Algérie. «On négocie avec le fournisseur. On est parti sur 20 millions de doses et on discute sur les modalités pour que les 15 millions soient reconverties en autre chose», a dit le même responsable. Il ajoute qu'il y a des propositions qui émanent du ministère de la Santé et d'autres du laboratoire GSK. Il n'y pas encore de solution qui arrange les deux parties et c'est sur ce point que portent les négociations. 8 milliards de dinars ont été dégagés pour l'ensemble de la transaction. 2,5 millions de doses sont déjà livrées. Dans deux mois, il y a aura le reste de la commande. Les mutations du virus de la grippe A/H1N1 est un autre sujet abordé par l'invité de la radio. Elles sont étroitement surveillées par les laboratoires en Algérie. Ce suivi est dicté par la nécessité de disposer d'un système qui permet d'alerter rapidement les responsables de la santé, a indiqué ce responsable. Actuellement, toutes les souches qui ont été isolées restent identiques à celles qui existent dans le vaccin contre la grippe A. Le vaccin reste donc efficace à l'heure actuelle. Y a-t-il eu complicité de l'OMS avec les laboratoires pharmaceutiques? A cette question, le même responsable répond en soulignant que l'OMS est impliquée dans la politique de santé menée par plusieurs pays. L'OMS dispose de centaines d'experts nommés dans ses structures pour leurs compétences. Il y a aussi un règlement sanitaire international et un réseau de laboratoires de grippe qui fonctionnent depuis 1946, dit-il. C'est l'un des plus anciens réseaux qui existent. Il y a des laboratoires de référence mondiale qui établissent la composition du vaccin chaque année depuis 40 ans. Ce n'est pas en 2010 que ces laboratoires «feront dans l'arnaque», souligne le même responsable. Il ajoute qu'«on est en pleine étude sur ce virus». Répondant à la question de savoir si le virus n'est pas une invention des laboratoires, il dira: «Actuellement, l'une des grandes questions réside dans le fait qu'on ne connaît pas son réservoir. Cela ne permet pas de dire qu'on connaît réellement le virus. Selon des études britanniques publiées dans le Daily Telegraph, le virus peut changer de réservoir et peut changer d'hôte. Et il peut changer de profil. Il faut d'abord disposer d'une connaissance suffisante sur le virus avant d'affirmer que c'est une invention», soutient-il. D'où est-il venu? Comment est-il arrivé à ce stade? Ce sont des questions auxquelles il faudrait répondre. Le virus a une seule combinaison morphologique. «Il faut d'abord essayer de savoir comment on en est arrivé là», selon Fawzi Derrar. Ce dernier a été interrogé pour savoir ce qu'il pense de la polémique née autour de la campagne de vaccination en Algérie. Selon lui, c'est le comité consultatif de l'OMS sur le vaccin qui délivre des recommandations. Le 4 décembre, les recommandations étaient claires. L'OMS invite les pays à promouvoir les vaccins avec des adjuvants. L'avènement de l'adjuvant permet de faire appel à des mécanismes immunitaires qui vont renforcer l'immunité. Il la rend plus longue dans la durée et c'est très important en termes de prévention, selon le même responsable. Il ne faut pas sous-estimer un autre élément qui fait que ce vaccin soit plus disponible, ajoute-t-il. Les quantités ont alors été augmentées grâce à ce mécanisme. Les pays sous-développés ont eu alors l'opportunité d'accéder au vaccin. Ce dernier a-t-il bénéficié de toutes les analyses et essais nécessaires avant sa mise sur le marché? Des articles publiés dans des revues scientifiques ont fait apparaître des résultats probants des analyses. «On a testé les vaccins contre la grippe aviaire avec des adjuvants similaires et on a eu des effets cliniques acceptables avec un taux de protection qui a encouragé à reprendre les mêmes adjuvants pour le vaccin contre la grippe A», a-t-il conclu.