Défendre les causes afghane et irakienne n'est que prétexte pour Al Qaîda qui cherche à regagner une certaine sympathie et une position perdue. Al Qaîda au Maghreb islamique dirigée par l'obscur Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaab Abd El Wadoud, vient de revendiquer le kidnapping des deux Italiens enlevés le 18 décembre dernier en Mauritanie, par le biais de son porte- parole répondant au nom de Salah Abou Mohammed. Les deux Italiens avaient été enlevés sur une route du sud-est de la Mauritanie. Sergio Cicala, retraité de 65 ans, et sa femme Philomene Kabouree, Italienne d'origine burkinabée et âgée de 39 ans, se rendaient au Burkina Faso à bord d'un minibus immatriculé en Italie, avait indiqué une source de sécurité. Les terroristes invoquent les crimes du gouvernement italien en Afghanistan et en Irak pour justifier l'enlèvement. Le rapt des deux Italiens, transférés au nord du Mali, s'ajoute aux quatre autres, trois Espagnols et un Français enlevés vers la fin du mois de novembre en Mauritanie et au Mali à peu près de la même façon. Les ravisseurs exigent en échange des trois Espagnols la libération de certains membres d'Al Qaîda détenus dans les geôles espagnoles. Deux raisons par lesquelles Al Qaîda justifie ses actions subversives. L'enlèvement des Occidentaux serait une perspective pour atteindre leurs objectifs. Cependant, certaines sources avancent qu'aucune rançon ne sera versée aux ravisseurs. Néanmoins, est-ce que les gouvernements respectifs des otages céderont aux revendications d'Al Qaîda? Pour l'heure, aucune autorité n'est en mesure de donner une réponse claire en ce sens. Certaines sources ont indiqué que les négociations actuellement menées par des intermédiaires au Mali semblent sur la bonne voie, sans que soit fourni le moindre détail. L'on avance également qu'un ancien rebelle touareg actuellement consul à Djeddah répondant au nom de Lyad Hadj participerait aux pourparlers. Il serait aussi à l'origine de la libération des trente otages occidentaux en 2003 détenus, alors, au nord du Mali. Si les revendications de l'Aqmi, relatives aux trois otages espagnols sont claires, c'est le mutisme concernant le sort du Français et des trois Italiens. Dans ce contexte, il faut craindre le pire. L'on évoque dans ce contexte l'exécution de l'otage britannique à la suite de l'échec des négociations. Ces kidnappings interviennent quelque temps après l'établissement par le Département d'Etat américain d'un rapport soutenant que cette organisation n'a pas atteint ses objectifs. En outre, cette sortie intervient deux jours après l'attentat manqué de vendredi par un Nigérian contre un avion de ligne américain. Il n'en demeure pas moins que l'organisation terroriste vient de réaliser un coup médiatique, histoire de rappeler au monde que la menace est omniprésente. Une menace prise au sérieux puisqu'elle a remis sur le tapis le débat sur la sécurité aérienne. En effet, l'attentat avorté du vol Amsterdam-Detroit prouve que le terrorisme garde une capacité de frapper les Occidentaux, notamment dans le transport aérien. Si Al Qaîda n'est plus ce qu'elle était, d'autres groupes se forment d'autant plus que le centre névralgique d'Al Qaïda s'est déplacé. Au Pakistan, en Afghanistan, ses combattants se sont fondus dans l'armée des taliban et se battent face aux armées alliées et aux gouvernements centraux. C'est le Yémen pays maritime et carrefour entre la Corne de l'Afrique le golfe Arabe et le Proche-Orient qui en est devenu la base. Les Saoudiens d'Al Qaîda s'y sont réfugiés. Ils accueillent ceux venus d'Irak, où Al Qaîda a connu un vrai désastre, ceux issus du Maghreb et surtout des pays du Sahel. Reste à savoir maintenant de quelle manière les Occidentaux vont gérer la situation. Et comment peuvent-ils espérer arriver à un compromis pour garder les otages vivants?