À lire les déclarations de Taïeb Fassi-Fihri, affirmant que “l'intégration du Maghreb exige une véritable volonté politique”, et celle d'Abdelkader Messahel indiquant qu'“un état des lieux objectif de l'action maghrébine exige de tous davantage de concertation”, on aboutit à la conclusion que tant que les différends algéro-marocains persistent, l'UMA restera à l'état d'encre sur du papier. Une nouvelle réunion des structures de l'Union du Maghreb arabe, la 27e session du Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays membres qui s'est déroulée à Rabat, a une fois de plus servi à faire le triste constat que cette institution demeure toujours au stade de projet. Les dirigeants des pays composant cette instance régionale continuent à se rejeter la responsabilité de l'échec. L'absence d'une “véritable volonté politique”, comme l'a si bien dit le chef de la diplomatie marocaine dans son discours inaugural des travaux, constitue réellement le talon d'Achille de l'UMA. En déclarant que “le Maroc est totalement persuadé que la dynamisation de l'action maghrébine demeurera tributaire en premier lieu d'une véritable volonté politique”, Taïeb Fassi-Fihri n'a certes pas découvert le fil à couper le beurre, mais il aura eu le mérité de rappeler que le blocage est à ce niveau et non ailleurs, comme se plaisent à le faire croire certains. C'est le même constat du côté algérien, avec la déclaration du ministre délégué algérien à la Coopération et chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui a estimé qu'“un état des lieux objectif de l'action maghrébine exige de tous davantage de concertation, dans le but de conjuguer les efforts pour construire le Grand Maghreb”. En somme, on en est au point de départ et les résultats ne viennent pas. Maintenant que le constat d'échec est fait, il y a lieu de s'asseoir autour d'une table et dialoguer pour sortir de l'impasse. Selon le représentant algérien, sortir du bout du tunnel “requiert une approche réaliste, une vision globale, une méthodologie de travail, une maîtrise des programmes et une meilleure organisation des institutions et structures de l'Union afin d'assurer un démarrage effectif de cet ensemble régional”. Pour cela, il faut cesser de se voiler la face et avoir le courage d'affronter la réalité au lieu de persister à dire que “des difficultés objectives dont les tenants et les aboutissants sont connus de tous” empêchent l'édification de l'Union du Maghreb arabe. Il faut arrêter de tourner autour du pot et admettre que “c'est le conflit du Sahara occidental” qui empêche l'UMA de voir le jour. Alger a déjà dit que ce dossier constitue le facteur de blocage de l'intégration maghrébine. Les Sahraouis ont clairement affirmé, à plusieurs reprises, que tant qu'ils n'auront pas leur Etat indépendant, le Maghreb restera un vœu pieux. Cela étant, tant que les autres membres de cette institution continueront à ménager le chou et la chèvre en évitant d'égratigner l'un ou l'autre de leurs voisins sur ce sujet, le statu quo persistera. K. ABDELKAMEL