Une enquête ordonnée par le président afghan, Hamid Karzaï a conclu qu'une unité des forces internationales est responsable de la tuerie de dix civils. Les forces étrangères ont tué dix civils lors d'une opération dans l'est de l'Afghanistan, a conclu une enquête lancée par le gouvernement dont le résultat a été publié hier par la présidence afghane. «Une unité des forces internationales basée à Kunar est descendue d'un avion dans le district de Narang de cette province, a fait sortir 10 personnes de trois maisons, dont huit écoliers (de 13 à 17 ans) et le reste de la même famille, et les a abattus», indique le chef des enquêteurs afghans, Asadullah Wafa, cité par le communiqué de la présidence afghane. Les forces internationales basées à Kunar ont de leur côté affirmé aux enquêteurs n'être «pas au courant de l'incident», ajoute-t-il. Le président afghan Hamid Karzaï avait accusé dès lundi les forces internationales d'avoir tué ces dix civils lors d'une opération menée samedi dernier à Kunar, une instable province frontalière du Pakistan et l'un des fiefs de la rébellion dans l'est afghan. La force de l'Otan avait affirmé de son côté n'avoir mené aucune opération dans la région samedi, mais un de ses responsables à Kaboul avait indiqué que des forces spéciales américaines y opéraient à ce moment-là. L'identité des écoliers tués a été confirmée par des documents fournis par le directeur de leur école à M.Wafa, conseiller de M.Karzaï et ancien gouverneur de la province de Kunar, ajoute le communiqué. M.Karzaï a parlé avec les père et l'oncle des écoliers. «Le président leur a assuré que le gouvernement enquêterait sérieusement sur cet incident et traiterait les coupables conformément à la loi», précise le communiqué. L'incident a provoqué ces derniers jours un émoi croissant dans le pays, où des manifestations contre les troupes étrangères avaient été organisées hier. Des centaines d'étudiants ont ainsi manifesté hier à Jalalabad, la grande ville de l'est afghan, brûlant notamment un drapeau américain et une effigie du président Barack Obama. Ils ont bloqué des rues de la ville et défilé aux cris de «Mort à Obama» et «Mort aux forces étrangères». «Le gouvernement doit empêcher ces opérations unilatérales, ou bien nous prendrons des armes plutôt que nos stylos et nous les combattrons (les forces internationales)», ont menacé les étudiants dans un communiqué. Lundi, plusieurs députés, dont le représentant de la province de Kunar, avaient quitté l'enceinte du Parlement en signe de protestation. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a assuré récemment que la réduction des pertes civiles, qui entretiennent l'impopularité des troupes internationales, était «une priorité» de l'Otan et des troupes américaines. Plusieurs manifestations contre la présence des troupes internationales, certains de leurs agissements présumés ou les victimes civiles de leurs opérations ont eu lieu ces dernières années dans le pays. Le 25 octobre dernier, des manifestants avaient déjà brûlé une marionnette du président américain, à Kaboul, après la diffusion d'accusations selon lesquelles des soldats étrangers auraient brûlé un exemplaire du Coran.