Ces attaques illustrent une nouvelle fois le changement de stratégie de l'insurrection irakienne qui s'en prend depuis août aux symboles de l'Etat à deux mois des élections législatives. Les insurgés irakiens ont de nouveau visé hier les institutions de l'Etat dans deux attentats coordonnés contre le conseil provincial d'Al-Anbar à Ramadi, tuant 23 personnes et blessant notamment le gouverneur local. Ces attentats illustrent une nouvelle fois le changement de stratégie de l'insurrection irakienne qui s'attaque depuis août aux symboles de l'Etat à deux mois des élections législatives pour tenter déstabiliser le gouvernement. «La première attaque est un attentat-suicide à la voiture piégée qui a explosé à une intersection près de l'entrée de l'enceinte du siège du gouvernorat» et du conseil provincial, a affirmé un officier de police. «Trente minutes plus tard, le gouverneur (Qassem Mohammed Abed), le chef adjoint de la police, le colonel Abbas Mohammed al-Doulaïmi, et le chef de la sécurité du conseil provincial, Mahmoud al-Fahdawi, sont sortis pour inspecter les lieux», a ajouté l'officier. Un kamikaze, déguisé en militaire, s'est alors précipité sur le groupe mais a été bloqué par des gardes avant de déclencher la ceinture d'explosifs qu'il dissimulait sous ses vêtements, a précisé le policier. Selon cet officier et un médecin de l'hôpital de Ramadi, le gouverneur a été blessé mais M.Fahdawi a été tué. «Le dernier bilan des deux attentats est de 23 morts et 30 blessés», a indiqué un médecin de l'hôpital de Ramadi, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. La puissance des deux explosions a également détruit une trentaine de voitures. Le 11 octobre, trois attentats à Ramadi avaient tué au moins 19 personnes dans cet ancien fief de l'insurrection sunnite, théâtre de violences sporadiques au cours des derniers mois. Deux voitures piégées avaient explosé là encore à proximité d'un bâtiment public de la capitale provinciale, avant qu'un attentat-suicide vise l'hôpital où avaient été transportées les victimes. Ramadi est située à une centaine de kilomètres à l'ouest de Baghdad, dans la province majoritairement sunnite d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak. La région fut longtemps un fief de l'insurrection après l'invasion américaine de 2003. La violence a commencé à diminuer lorsque les chefs de tribus, las des attentats d'Al Qaîda et encouragés financièrement par les Américains, se sont révoltés en septembre 2006 contre les jihadistes. Ils ont formé les groupes de Sahwa (Réveil) pour combattre les émules d'Oussama Ben Laden et, un an plus tard, la province était devenue l'une des plus tranquilles d'Irak. Les Sahwa sont depuis janvier sous le contrôle du gouvernement irakien mais la province est de nouveau la cible des jihadistes depuis le retrait des troupes américaines des villes irakiennes fin juin. Affaibli par la défection de milliers de combattants, les insurgés et le réseau Al Qaîda ont changé de stratégie et décidé de viser les symboles du pouvoir plutôt que d'attaquer les communautés du pays et tenter de relancer une guerre confessionnelle. Les 19 août, 25 octobre et 8 décembre, des voitures piégées souvent conduites par des kamikazes ont ainsi attaqué les ministères des Affaires étrangères, des Finances, de la Justice, le gouvernorat de Baghdad et un grand tribunal, faisant au moins 386 tués et 1500 blessés.